samedi 26 décembre 2009

Joyeux noël

bon, j'avoue que j'aurais aimé tenir un journal de ces derniers mois là-bas, mais je n'ai eu ni la force ni le temps. il faut dire qu'à un moment l'immersion totale n'a été possible qu'en coupant en même temps tous les ponts.

quoiqu'il en soit, mon film tourné pendant la gay pride va arriver par petits bouts, 7 au total, ça commence et .

(le film est trop long, vous m'en direz des nouvelles, mais je n'ai pas encore eu le temps de le couper)

lundi 5 octobre 2009

pour ceux qui n'ont pas facebook si ça existe

là, , , , et .

écrit il y a deux semaines.

Bon ce soir j’avais fort à faire, comme tous les soirs depuis quelques semaines ; comme tous les jours ma to do list s’est entachée de ratés à rattraper le lendemain ou à déléguer ou à abandonner (entre parenthèse imaginer une vie à essayer de réaliser quotidiennement une liste d’actions est au plus opposé de ce à quoi je pourrais idéologiquement rêver, on dira que c’est dans la contradiction qu’on se révèle), Kavich est resté plus longtemps que prévu monter le trailer de leur film, et puis très logiquement j’ai baissé les bras et me suis rué au T&C coffee afin d’y jouir d’internet. Mon cahier bleu me servait d’alibi, dessus il y avait une liste de mails à envoyer et de logos à télécharger ; bien sûr une fois connecté au wifi j’ai passé deux heures à oublier deadlines, doutes et fatigue.

On dira donc que ce soir j’abandonne pour de bon, comme par hasard ça tombe sur le jour le plus important de la fête des morts, aucune symbolique mystique, juste que comme pour le nouvel an khmer Phnom Penh s’y trouve désertée et que ce genre d’atmosphère est propice au sentiment de solitude.

Mes parents sont passés trois semaines au mois d’août. Ils m’ont été d’un soutien moral extraordinaire. Comme toujours c’est ma mère qui a eu les mots exacts. Si je me souviens bien ça disait « je trouve que ta vie ici est triste. Tu es entouré de plein de gens tous les jours, mais tu es seul. Pas de famille, pas de femme ni d’enfant. C’est une vie très triste. En France même si tu vis tout seul, tu sais que tu peux appeler Jacky (sic). »

Je n’irai pas jusque là mais elle touche quelque chose de très juste concernant les rapports amicaux entre cambodgiens, que je voulais développer fut un temps et puis bon ça attendra mon retour.

J’avoue que je ne sais plus trop ce que je suis venu faire ici. Je me rappelle vaguement avoir suivi une intuition de départ, ou une nuit d’inspiration, puis j’ai dit aux gens que je partais pour être sûr de le faire, puis je suis parti, puis j’ai dû faire les choses que j’avais écrites sur un papier cette nuit là, puis j’ai rencontré un type qui m’a proposé un projet, j’ai pris quelques heures pour écrire des idées sur un papier et rebelote je me suis retrouvé à devoir leur donner une matérialité. Il n’est donc pas inexact d’avancer que je me suis fait dépasser par mes projets, j’aimerais dire par le vent de la vie si je ne ressentais pas maintenant chaque jour le poids de leur ampleur. Car il s’agit bien, je ne m’en suis rendu compte qu’avant hier, des (en tout cas pour l’expo) choses les plus importantes (pas à titre sentimental mais disons d’un point de vue objectif) que j’ai jamais eu à réaliser.
Je rêve du temps tous les jours. J’ai oublié ce que c’était qu’une salle de cinéma. Je ne suis même plus amoureux.

Haut les cœurs cependant. Le sentiment était connu mais il n’y a rien de plus excitant (à part faire un film) que de diriger un projet, de sentir une communauté d’énergies non pas réunies par un contrat mais par un même enthousiasme, j’aimerais trouver des mots plus justes mais la fatigue commence à me donner des coups de marteau (en fait à la relecture je crois que je pourrais dire il n’y a rien de plus beau que de dévoiler le sentiment que rien n’est impossible). Comme le disait mon ami Vincent Ricot le plus dur est que tu ne peux pas partager cette nouvelle vie avec les amis de la précédente. C’est vrai j’aimerais tant que vous voyez ça.

lundi 14 septembre 2009

Chhnam Onn 16

Je mets sur une autre page vimeo car la première est disons confidentielle: . Et que celle-ci est disons promotionnelle.

Trouvé ça et çà ce matin, paru il y a quelques jours mais tiré d'une vieille interview donnée à mon arrivée, avec pas mal d'inexactitudes...

mercredi 9 septembre 2009

pas encore

ma mere m'a appele tout a l'heure elle est tombee sur ca.

mais la bonne nouvelle est que mon frere va pouvoir mettre le film sur la gay pride en ligne pour moi!

(je pense a vous quand j'ecoute la musique de mon ordinateur)

jeudi 23 juillet 2009

J'ai la grippe H1HA

une broutille avant mon film sur la gay pride que je suis en train de finir.

vendredi 3 juillet 2009

Vincent Ricot

L’autre jour à la terrasse du restaurant à moins de deux dollars dans lequel je mange presque tous les jours et qui fait le coin du grand carrefour de mon quartier, je me surprends à avoir un comportement qui est le signe d’un mimétisme un peu inquiétant, presque d’une métamorphose – donnez-moi votre avis.

A quelques mètres de moi, cinq je dirais, se tiennent debout deux occidentaux cherchant visiblement leurs chemins, au bord de la rue. Le garçon – il y a deux types de mâles occidentaux : le gros et gras australien et le jeune et musclé australien – fait partie du deuxième type, short et t-shirt blanc, mais c’est surtout la fille qui retient mon attention, qui pour tout dire me laisse bouche bée. Et pourtant rien d’extraordinaire en apparence : élancée, une robe verte à pois blancs, fine et coupée au dessus des genoux, des cheveux bruns et lisses et une paire de lunettes de soleil. Elle est indéniablement jolie mais ce qui me laisse pantois précède tout jugement esthétique : c’est une occidentale. Une blanche. Je me surprends à fixer la laiteur de sa peau comme si c’était la première fois, à étudier le contraste avec le vert de sa robe, le noir de ses cheveux. J’ai l’impression de voir un nouveau continent, quelque chose d’inconnu et de fascinant. Je tourne la tête et me rends compte que le couple cambodgien à la même table que moi fait de même, la fixe la bouche ouverte, et du reste je n’avais pas besoin de le vérifier je connais par cœur leur réaction pour en avoir été maintes fois l’objet.

Ce mimétisme ne se fait pas qu’à moitié : un autre sentiment me vient en bouche, celui-là plus proche du jugement que de la sidération. Je n’aurais pu le formuler précisément au moment de la scène, mais maintenant il me paraît évident que le petit dégoût que j’ai ressenti correspondait à ce que je jugeais d’indécent à cette tenue. Les épaules nues, la finesse de la robe qui me donnait l’impression qu’elle pouvait s’envoler au moindre coup de vent, des choses qui semblent des détails mais qu’aucune cambodgienne ne se permettrait, sauf les filles des bars et karaokés, et ceci même si par ailleurs le mini short est lui communément admis et porté.

Le pire – ou le mieux - c’est qu’il n’y a aucune pose de ma part, aucun surjeu. Quand je suis fasciné c’est après avoir ouvert la bouche et abandonné mon assiette pendant une minute que j’en prends conscience. Quand je remarque l’indécence de sa tenue je sens presque poindre le ressentiment que ces blanches se croient tout permis, et l’injustice de cette liberté dont elles jouissent. Quand je vois des gros types en short et t-shirt se balader en sueur le long du quai à touristes, je ne peux m’empêcher (et pourtant j’essaie) de penser au déclin du monde occidental, que le spectacle auquel j’assiste est celui de l’incarnation de son pourrissement.

Vincent arrive ce soir. En pensant à lui j’ai fomenté hier la possibilité de deux semaines à l’occidental, faire la bringue à la mer, visiter Angkor, aller dans des restos classieux, des choses que je me refuse seul ici, le nez dans le guidon de mes projets et les actes en accord avec mon choix initial d’une tentative de totale intégration aux autochtones. Ce choix je ne le regrette jamais, tant il m’a apporté aussi bien dans les relations amicales, le rapport aux gens et la compréhension d’une autre culture et tant je ressors à chaque fois écœuré des messes entre expatriés. Mais si je ne rêve jamais d’un steak saignant avec frites, quand je le vois au menu comme la dernière fois avec Kanitha dans un resto pour étrangers, la fonction souvenir de mon cerveau se met en branle et me rappelle qu’effectivement un steak saignant avec frites ça me manquait, et du reste ça me manque toujours, le steak était trop cuit et je n’avais pas assez d’argent pour les frites.

jeudi 2 juillet 2009

L'indifférence dure cinq mois

Il se passe un truc là. En amour on dit qu’après trois ans nécessairement un truc arrive, généralement sa fin. J’ai jamais pu tester ça - enfin le passage chaud froid si, tant de fois, mais pas à cette échéance - mais s’il existe une règle de ce type pour les relations de voisinage au Cambodge, on pourrait dire qu’après cinq mois un truc arrive, l’intégration c’est un bien grand mot, un début d’intégration disons.

Car avant l’épisode du whisky et des sauterelles grillées dans ma ruelle j’avais croisé le week-end dernier les deux sœurs qui me servent tous les matins un plat de riz au porc grillé pour un peu plus d’un demi dollar, dans un des clubs les plus prisés de la ville (la rencontre, pas le porc grillé). C’est moi qui ai reconnu l’une des deux – la plus grande, celle qui n’a pas ce petit air supérieur qui dit « attention je vends du porc grillé juste parce que c’est le business de mon père mais moi je fais des études » -, elle était trop contente que je lui parle, et comme elle avait un coup dans le nez elle m’a avoué qu’elle m’avait déjà vu trois fois dans ce bar et aussi une fois (la seule fois où j’y suis allé) dans la grande boite de nuit pour jeune khmers (génial, j’y retournerai bien toutes les semaines), et après elle dansait un peu maladroitement en sautillant, le genre de trucs qui me cassent tout d’habitude, et là oui c’était le cas mais là n’est pas le plus important car ça coïncide avec le fait que je ne mange plus seul le matin mon porc grillé mais une fois sur deux avec le gamin qui habite pas trop loin et qui vient étudier dans l’école mitoyenne dont les étudiants constituent l’essentiel de la clientèle des deux sœurs. Comment faire pour changer de style (d’écriture j’entends) ? Je me fatigue moi-même là.

Plusieurs événements ont coïncidé concernant ma vie sociale de paté de maison ces derniers temps, trop pour n’être qu’une coïncidence mais ceci à mon plus grand bonheur. J’ai enfin sympathisé avec les deux sœurs qui me servent tous les matins une assiette de riz au porc grillé, enfin plus avec la grande sœur, l’autre gardant une distance teintée de mépris dont je sais maintenant qu’elle ne veut rien dire. Je les ai croisées dans une boite, la grande titubait un peu, grâce à ça on échange quelques mots maintenant le matin qui ne vont pas plus loin que alors samedi prochain tu vas au riverhouse mais c’est un début et en plus c’est un dialogue plutôt cool. Ensuite je mange un jour sur deux avec un gamin de 10 ans qui est aussi mon voisin et qui me présente timidement (c’est la coutume) ses amis. Il y a aussi ce type qui est l’un des nombreux gardiens à se relayer à l’école d’anglais (en fait il faudrait expliquer l’histoire est assez marrante, comme dans tous les trucs comme ça ils pratiquent un vrai turn over, genre une équipe du soir et une du matin, et sans doute aussi une du week-end que sais-je, donc en tout ils sont pleins mais devant l’école peut-être qu’il devrait y en avoir que deux ou trois, sauf que comme ils habitent souvent loin de Phnom Penh ils dorment tous dans l’école la nuit, et comme la journée ceux qui ne sont pas de garde n’ont rien d’autre à faire, ils restent avec leurs potes gardes qui travaillent, si bien qu’il y a toujours une dizaine de gardes devant l’école à se faire des blagues en uniforme, ce qui est une vision assez étrange au début) et qui, depuis que j’ai mangé à une table mitoyenne de la sienne et ai regardé ses facéties de leader de table avec mon sourire le plus amical, me salue quand nous nous croisons, ce qui est un pas énorme; tout à l’heure j’ai recroisé l’un des mecs qui buvait du whisky qui m’a invité à recommencer, mais il était 14h et je devais filer, mais il a eu toute la franche calinité des relations amicales cambodgiennes avec moi (caresse dans le dos et sourire non forcé) ; enfin ce soir quand je suis rentré, assistant à une scène incongrue qu’il me faudrait raconter mais je ne suis pas sûr d’en avoir le courage, je suis rejoint dans mon réflexe très cambodgien de rester planter des heures à regarder le spectacle de la mort ou de ses sous-formes (voir comment ils se précipitent tous dès qu’il y a un accident de voiture, ils courent carrément et quittent toutes leurs occupations quand il entendent une voiture se scracher) par la jeune fille du karaoké de l’autre côté de la rue mais dont la porte de derrière donne dans ma ruelle. Elle est habillée pour l’occasion, mini jupe et haut rouge et blanc, comme d’habitude me voyant elle pousse un petit cri joyeux presque animal, moi dans ces cas là je sais jamais trop quoi lui répondre, là je lui montre qu’il y a un type à l’intérieur qui a pas l’air d’aller bien, elle le voit et arrête ses gloussements. Mais le temps s’installe, elle est rejointe par une autre fille avec son bébé et un jeune mec, puis c’est au tour des deux sœurs du porc grillé de revenir de chez leur grande sœur et de me demander ce que je regarde, et on se retrouve donc à sept à mater la scène, ce faisant on discute, la jeune fille me tourne autour en me balançant des phrases que je ne comprends pas mais que je devine presque, et j’avoue ne pas être insensible à son charme espiègle et canidé. L’autre fille avec qui j’avais déjà eu quelques mots me pose des questions et moi j’apprends que son fils s’appelle Sky. Bon dis comme ça ça n’a l’air de rien et surtout pas d’une victoire et pourtant je vous assure que pour moi si, cinq mois que j’attends ça, un début de relation avec le monde grouillant qui peuple ma rue, c’est donc ça le mérite au travail, il aura fallu être patient et ne pas abandonner, bon moi le travail les valeurs tout ça hein mais là oui j’y vois une matière de satisfaction, un truc un peu chrétien pourtant du fardeau qu’on a bien porté avant et dont on est maintenant fier - méfions-nous.

dimanche 28 juin 2009

Vivant

Oh je suis super content, là je viens de monter chez moi et d’ôter tous mes vêtements à cause de la chaleur et de l’effet du sous-whisky dont je viens de boire quatre verres, bien avant encore je finalisais le dossier CNC pour mon projet de docu sur le ciné khmer des années 60 puis j’ai passé 3h à arpenter les rues de Phnom Penh pour trouver les 10 cinémas de l’époque qu’il me restait à localiser, mais en revenant chez moi en bas de ma cage d’escalier je recroise la bande de mecs de ma rue qui jouent un peu aux durs ; ma déprime quotidienne consiste à ne pas avoir réussi à me faire accepter par eux, pas en tant que dur bien sûr, juste en tant que co-habitant connu et apprécié, cinq mois que je suis là et je sens toujours leurs regards froids et distants, maladroits et indifférents. Les types sont des petits macs ou gardent les motos dans le coin de la rue ou travaillent pour le club en bas de chez moi, et moi en cinq mois je n’ai pu lier de relations qu’avec Choy mon voisin qui les connaît depuis qu’il est né, les considère comme ses amis mais est complètement différent (lui ne boit pas, ne fume pas, est évidemment vierge et continue ses études bref c’est un bon garçon), avec sa famille, avec le chauffeur de moto qui vient de m’aider pendant 2h à trouver les 10 cinémas restant moyennant moins de 4 dollars, et les enfants qui sont tous intrigués quand ils me voient et rigolent de me voir parler cambodgien. C’est tout. Tous les autres me regardent toujours comme un oiseau bizarre. Moi je les observe souvent, notamment quand je me pose dans la rue avec Choy le soir, quand j’ai trop la flemme de monter chez moi pour finir un montage ou un dossier. Je pense immanquablement à Serbis, c’est la même histoire, des jeunes qui passent tout leur temps ensemble, des putes, des filles de karaoké, de jeunes femmes de ménage, des jeunes macs, des gardiens de parking. Ils passent leur journée et leur soirée dans la rue, pratiquement à ne rien faire qu’attendre, jouer au foot parfois, mater les mêmes clips de karaoké tous les jours. A chaque fois qu’ils me font le coup de l’indifférence et de la distance, je me dis putain j’ai échoué, c’est trop tard là, après cinq mois nos relations n’évolueront plus jamais, et avec ma manie de culpabiliser je me dis c’est ma faute, j’ai mal fait un truc, j’ai dû paraître méprisant, j’ai toujours pensé que c’est au groupe d’aller vers le nouveau mais dans un contexte où l’occidental a un si grand complexe de supériorité et qu’eux en fréquentent tous les jours (leurs clients) c’est moi qui aurait dû faire le premier pas, au moins élaborer une tactique au lieu de penser que tout me tomberait dans la main. D’ailleurs en partant faire la visite des cinémas je les ai croisés une première fois en train de boire dans mon allée, ils m’ont fixé du regard sans un seul sourire comme d’habitude et moi je les ai regardés comme si de rien n’était et ai passé mon chemin, et comme d’habitude deux secondes après je me suis dit mais t’es con juste un bonjour ou un qu’est-ce que vous buvez et on sait jamais tu briseras peut-être la glace, les mêmes réflexions quand les filles de karaoké me voyant parfois de jour dans la même allée me hèlent en me disant qu’elles me trouvent beautiful ou quand Ada quand je rentre après minuit me voit et me demande d’où je viens, je bafouille, souris, réponds maladroitement deux mots puis pars, mais d’où elle vient cette timidité ? (je sais très bien d’où elle vient en fait, de ma plus tendre enfance comme on dit, le Cambodge m’aura appris ça entre autres, rappelé mon intrinsèque timidité). Mais là en revenant et en les recroisant, un peu comme le jour où j’ai parlé à Ada, j’ai pris mon courage à deux mains ou plus exactement je ne me suis pas posé de questions et sachant bien ce que je me reprochais de ne pas faire je l’ai fait, en fait je me suis juste arrêté et les ai regardés d’un air curieux, puis j’ai demandé (il fallait bien que je parle) ce qu’ils buvaient, j’ai pris la bouteille d’un air intéressé, vu que c’était du whisky, et eux ont tout de suite eu l’hospitalité non feinte de nombre de cambodgiens, me proposant un verre, un siège et des sauterelles grillées. Le truc le plus étonnant c’est que c’est le caïd lui-même qui a été le plus attentionné, celui que je croise parfois la nuit en bas de chez moi avec une fille que je n’ai jamais pu identifier - mais de toute évidence ce qui se joue là est une histoire d’amour entre un petit caïd et une pute, se retrouvant à la fin de leurs journées (soit à des heures très tardives) en se cachant presque pour se voir – précisément le type dont je pressentais le plus de haine à mon égard, c’est lui qui me sourit, me sert des verres, me propose une chaise. On est pas encore les meilleurs amis du monde mais voilà un énorme pas de fait, celui du premier contact, impossible après aujourd’hui qu’on se croise sans se saluer, j’attendais ça depuis si longtemps, quelle merde les appréhensions et toutes les frilosités qui vont avec. Après avoir fini la bouteille de whisky Ada est arrivé avec ses deux jeunes sœurs, toutes très apprêtées, et j’ai vu non sans soulagement que le caïd est question sortait avec l’une d’entre elles. On a parlé un peu et très discrètement et rapidement les autres se sont éclipsés pour nous laisser seuls, mais j’ai vite mis fin au suspense en lui disant bon ben tu vas travailler maintenant c’est ça, alors à bientôt, là c’est pas de la timidité mais de la raison : j’ai plus une thune je suis en train de me ruiner, je pense à faire un post niveau de vie depuis plusieurs semaines mais j’ai pas le temps, mais vous ne pouvez pas imaginer comme par exemple un repas à trois dollars maintenant ça me paraît énorme, il y a deux jours j’étais invité à un mariage et comme il est de coutume de donner de l’argent j’ai filé une enveloppe avec 10 dollars dedans, mais 10 dollars c’est ridicule pour un mariage de ce niveau, c’est presque du foutage de gueule, et maintenant j’ai trop peur de ma honte quand je vais recroiser le frère de la mariée (l’enveloppe est à mon nom).

vendredi 5 juin 2009

teaser

en exclu pour vous

mardi 26 mai 2009

A quoi sert ce blog finalement ?

Dimanche soir et alors que j’étais épuisé par mon cours hebdomadaire de quatre heures chez moi, je décide d’honorer ma promesse de filmer la gay pride pour sa dernière soirée, l’élection de Mr Gay dans un bar du river side. Bien m’en a pris, ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi dégoûté, et comme en plus j’avais une caméra, j’ai tout filmé, je vais monter ça et vous le montrer, reste à savoir si j’aurai les couilles de leur envoyer après, ni vu ni connu genre voilà la vidéo que vous m’aviez demandée, je l’espère en tout cas (pour les couilles). Mais comme d’habitude vous le dire ça me tient lieu d’engagement (comme pour la vie d’expat).

A part ça c'est noël, 4 vidéos car la connexion est meilleure dans l'ONG que je squatte en ce moment pour préparer les tournages, mais surtout , un visage sur un nom et la fameuse musique du précédent post.

vendredi 22 mai 2009

Je l’ai sur le bout de la langue

J’ai découvert un truc aujourd’hui, Kanitha m’avait filé des anciennes musiques khmères, et là sur quoi je tombe, une de mes musiques préférées en version cambodgienne, par le grand chanteur incontournable des années 60, le même qui faisait déjà la version khmère de Derniers baisers de C. Jérôme (qui terminait la vidéo C). La musique est question c’est, mince je me rappelle plus du titre, ça figure sur la bande son de 2046, c’était déjà utilisé par Wong Kar Wai dans un précédent film, et si j’ai bien compris ça provient au départ d’un film de Fassbinder, mais le fin du fin c’est que Patrick Sébastien l’a utilisée comme fond d’une de ses chansons populaires, et que l’été 2004 dans un des villages visités avec C ils l’avaient mis, je l’ai filmée la chantant et tapant dans ses mains. Ah ah. T’imagine ma réaction lorsque je l’ai reconnue dans 2046 dans l’immense cinéma Publicis ? La version cambodgienne est formidable je vous la ferai écouter bientôt, enfin je veux pas faire de fausses promesses non plus hein. Serait-ce un signe du ciel pour Kanitha ? Il en pense quoi KTB ?

mercredi 13 mai 2009

Surimpressions

A la recherche de nouvelles musiques à écouter sur i tunes je regarde celles que je n’aurais pas encore téléchargées, et je tombe sur Esther Demo des Beatles que j’avais piqué à Sylvain lors de mon week-end liégeois. I’m so tired ou While my guitar gently weeps m’ont ainsi accompagné depuis ce matin, me maintenant dans une humeur finalement parfaite pour cette journée à la fois studieuse et reposante par rapport à la furie de la semaine dernière.

Le plan com est en train de prendre, je vous tiens bien sûr informés.

L’impression de m’écrouler sous la charge de travail la semaine dernière a sans doute joué, de même que le fait de savoir que le pire est à venir en juin, mais l’angoisse et même la lassitude que j’ai ressenties sont sans doute plus structurelles que ça. C’est qu’à bosser ainsi avec des gens qui font un film pour la première fois, de les aider à écrire leurs séquences et à diriger des acteurs amateurs, en deux mots à participer au film sans toutefois réussir à influer sur sa qualité, s’est invité un doux sentiment de déjà-vu : retour à la case club vidéo du lycée du parc, le long-métrage et une année sacrifiée à tout coordonner, les tournages, le montage, tout. Et si la nostalgie et le plaisir des retrouvailles ne sont pas absents de cette prise de conscience, je dois avouer que c’est surtout un sentiment de régression qui domine. Oh rien de grave, et s’il vous plait pas de messages de réconfort, je sais bien qu’il y a beaucoup de choses qui circulent pendant mon travail ici avec les élèves, et que demain j’en serai extrêmement fier, peut-être même que ça sera la chose dont je serai le plus fier, mais quand même, ce sentiment d’impuissance, cette impression que je n’arriverai pas à leur faire faire un bon film, que finalement je ne sais pas diriger un acteur, que je n’ai même jamais fait ça de ma vie, alors hein comment dans ces conditions leur donner un conseil, et même sur la mise en scène, merde pour qui je me suis pris à aller apprendre le cinéma à des jeunes, il est fou le type, il est fou. Je dis ça aujourd’hui j’ai retrouvé ma lettre de motivation pour AR chez qui j’ai fait mon premier stage professionnel. Un grand moment de rire et de honte mêlés. Comment j’ai pu être si prétentieux, j’avais oublié, et pourtant ça m’arrive encore tous les jours, ah ah, non je vous cite pas des passages ça serait des pièces à conviction, allez on va dire que c’est juste l’ivresse de l’écriture, on laisse la plume s’exprimer et puis. IU tiens, non franchement tu m’as jamais dit mais tu pensais quoi de moi à l’époque, maintenant on peut se le dire non ? Vous vous foutiez de ma gueule non ?

Je commence à jouer un jeu dangereux. Même si la magie a disparu avec Daet, Kongkea, et même avec Kanitha (si c’est pas malheureux, il a fallu qu’elle m’invite à un mariage et que je la voie dans une horrible et traditionnelle robe de mariage verte pomme, et avec cet horrible surmaquillage typiquement cambodgien, et plouf plus rien), ça flirtouille avec 3 filles, voire 4, en même temps, ce qui est très mal vu un peu partout mais surtout ici. Entre Sopheap, qui outre le fait de porter le même prénom que mon père - non fini, pas envie.

Comment faire avec un trop plein d’empathie ? Je m’étais déjà posé la question quand on avait dû choisir de ne tourner qu’un seul des trois petits films écrits par ma classe de jeunes des rues, qu’on avait finit par tirer au sort et que je n’avais su gérer la déception de Va, son visage complètement défait avait eu des conséquences sur mon état personnel, m’avait mis KO pour le reste de la journée, hier c’était encore pire, le même Va ayant échoué au casting nous avoue lors du debrief final que d’une part cet échec l’a meurtri, mais que pire ses camarades de classe, qui pendant le casting étaient super sympas avec lui, lui reprochent maintenant d’avoir choisi ses amis, et que maintenant il n’ose plus les regarder dans les yeux. Du Va transfiguré et tellement investi par sa mission de directeur de casting, dont j’ai réussi à tirer un plan séquence qui le fait passer pour une sorte de Van Damme/Michael Jackson cambodgien, ne restait plus qu’un type éteint et perdu. Sa détresse et mon impuissance, et ma culpabilité aussi, venaient ternir le final joyeux de cette semaine intense (un peu comme la fille qui vient dire à Marin qu’elle a rien compris à la fin de l’année).

Mais haut les cœurs : la plus belle image de cette semaine, parmi le lot de belles images du même type, c’est mes collégiens français tenant les caméras pour filmer les auditions, avec derrière chacun d’eux, sans que je n’aie rien demandé, les élèves des rues plus habitués à cet exercice, et qui sans parler le même langage les aident à cadrer. Un renversement bienvenu, presque miraculeux, tant j’ai pu remarquer par ailleurs que ces mêmes collégiens parlaient à la plupart des cambodgiens comme à des sous-hommes – du reste j’exagère, ça ne concerne qu’un voire deux élèves sur cinq. J’ai pu filmer cette image, mais de manière générale je suis en train de passer à côté du film que je voulais faire sur ces ateliers, par manque d’effectif et de moyens : je ne peux pas me démultiplier et me concentrer sur ce film alors que je suis au four et au moulin avec mon rôle d’animateur. Résultat j’ai l’impression que mes cadres sont terriblement banals, que je n’ai pas le recul nécessaire pour savoir quoi filmer et comment, on verra bien à la fin de tout ça, s’il est possible de monter quelque chose avec ces petits bouts de films épars.

- Do u know on the day we went to Lux 2 ladys who working in NGO they thought that i am ur student :-) ha ha ha. Its so funny.

- They asked me WHY I KNOW U ? and i said meet u at R Art School. :-)

- Does i make them confuse u ? (maybe they think we are sweet heart)

- If u confuse, i would be :-)

- It’s a secret crime story. There’s 5 friends live in a house. Their name are STUPID, CRAZY, BRAIN, NOBODY, SOMEBODY. One day NOBODY killed SOMEBODY, while BRAIN is in the toilet. So CRAZY call the police.
CRAZY : Is it the police station ?
POLICE : Yes, can I help u sir ?
CRAZY : NOBODY killed SOMEBODY.
POLICE : A u CRAZY ?
CRAZY : Yes, I am.
POLICE : Don’t u have brain ?
CRAZY : Oh ! BRAIN is in toilet.
POLICE : A u STUPID ?
CRAZY : Oh ! STUPID is reading this sms. Ha. :-) good night

vendredi 1 mai 2009

je commence mon plan com



jour de chance réussi pour une fois à télécharger 3 vidéos en un peu moins de 4h, il y a donc une série de montages réalisés par différentes classes et , puis ça qui traînait sur mon ordi depuis un moment (il y en a plein d'autres).

mardi 28 avril 2009

Joy of living

Si je devais choisir maintenant, mettons si une situation que j’ai du mal à imaginer faisait que je devais faire un choix et abandonner les autres, eh bien ça serait sans hésiter Kanitha, j’ai eu la révélation quand ce matin à 4h je me suis réveillé sans n’avoir pu me rendormir, comme la nuit de Rising, cette fois-ci la faute au Red Bull bu à 23h, étrange idée mais c’était l’une des seules boissons à moins de deux dollars et j’avais particulièrement envie d’être en forme. Elle m’a invité hier à la première d’un spectacle de danse contemporaine cambodgienne, et ce fut donc la première fois que nous nous retrouvons sans sa sœur Veasna, prise par un mariage dont j’ai subtilement décliné l’invitation. Bizarrement ici la notion d’invité a de l’importance, si bien que comme j’étais son invité et malgré le fait qu’on était un groupe de 15 personnes il paraissait évident qu’il fallait que je m’assoie à côté d’elle puis que je prenne place sur sa moto quand nous avons par la suite décidé de manger des ailes de poulet au KFC. Mais ça a donc fait mon affaire, et nous avons même partagé un coca à deux pailles - il y a des signes qui ne trompent pas.

lundi 27 avril 2009

J’ai tué le deuxième ver

La semaine dernière rentrant chez moi de jour je sursaute au moment où je referme la porte car il me semble bien que quelque chose a bougé sur la cuisine entre la prise et la plaque électrique. Et effectivement se tient caché sous l’épais fil électrique de ma bouilloire un énorme cafard marron. Je demeure tétanisé un moment, une éternité il me semble, à hésiter sur la meilleure stratégie à adopter : chaussure, journal, balai… J’approche quelque chose en sa direction et l’ignoble bête se met à bouger à une vitesse diabolique pour se poser verticalement, immobile et bien en évidence, sur le carré blanc de ma prise électrique murale. L’insecte doit faire sept centimètres et la situation devient quelque peu absurde, surtout moi qui reste paralysé à deux mètres de la bête, mais plus je la regarde plus je comprends que je ne pourrai pas la tuer d’un coup de chaussure, que la taille du cafard fait que je ne supporterai pas de le sentir s’écraser sous la semelle, ni de le sentir si proche de ma main. Je prends donc le balai et entreprends de lui donner un coup fort et sec, mais là encore le flash forward de la chair broyée me fait renoncer et je décide de le chasser seulement, je rouvre la porte, approche le bout du balai de l’insecte, attends encore quelques secondes, à hésiter alors que maintenant tout est clair, je donne un petit coup qui le fait fuir et se cacher à côté de la poubelle puis d’autres plus brouillons et désespérés qui le font finalement quitter mon appartement en courant vélocement avec ces répugnantes petites pattes.

Le lendemain de mon retour de Battambang j’entre de nuit dans ma salle de bain et du coin de l’œil je pressens quelque chose d’étrange sur le coin de la baignoire, et tournant mon regard je découvre posé sur le bouche-baignoire à côté de mon shampoing un cafard en tout point similaire à celui que j’avais laborieusement chassé. Là encore je suis tétanisé, encore plus car je me dis que je ne pourrais rééditer la technique de la première fois et qu’il va bien falloir en finir avec celui là. N’écoutant que ma couardise j’empoigne le jet d’eau censé servir de chasse d’eau pour mes toilettes et asperge le cafard qui se cache d’abord derrière le shampoing puis tombe dans la baignoire et commence alors un interminable manège qui me voit tenter de l’étouffer avec l’eau ce qui n’est pas prêt d’arriver tant la force du jet ne peut que déplacer le cafard dès lors qu’il entre en contact avec lui et qui le voit lui débattre ses petites pattes quand il est sur le dos puis feinter l’immobilité quand il est du bon côté avant d’essayer de sortir de la baignoire ce que je lui interdis à chaque fois. Je me rends bien compte que ça pourrait durer des jours et pourtant je continue, espérant sans doute irrationnellement que ma technique ridicule finisse par marcher. Et le cafard de se retrouver balancé de tous les côtés de cette baignoire, tantôt dans le trou d’évacuation qui est bien trop petit pour le faire disparaître tantôt le long des parois montantes, et je finis par avoir l’idée de lui faire boire pattes retournées mon détergent à chiottes et le voilà qui se débat encore plus frénétiquement pour finir par ne plus bouger du tout, j’ai gagné mon combat mais même là il me faudra un instant de réflexion avant de prendre la pelle, de ramasser la bête et de tirer la chasse d’eau.

Et c’est encore sous le coup de l’effroi de cette deuxième rencontre que je repense à mon rêve et à ses deux gros vers de terre marrons, le deuxième caché sous l’eau de l’évier en plus, et je me dis mais qu’est-ce que ça veut dire ça existe donc les rêves prémonitoires à moins que ça ne soit une épreuve et alors quel en était le but non ne me dis pas qu’il ne fallait surtout pas en tuer l’un sans l’autre, séparés à jamais qu’ai-je fait, et si en fait c’était l’heure de la libération ?

vendredi 24 avril 2009

Koustonbrut t'es passé où

C’est vraiment dommage que je n’ai pas pu finir le post précédent, il était tard et j’ai préféré dormir avant le départ, et puis je crois me souvenir que je n’avais pas trop l’énergie d’écrire, c’est vraiment dommage car il y avait beaucoup à dire sur les gens qui peuplent ma rue, pour la plupart des jeunes travaillant autour de la prostitution, oui il m’a fallu près de deux mois pour me rendre compte que j’habitais un quartier de prostitution, rien que dans ma rue un bar fermé à enseigne lumineuse rose, à côté une grande entrée sombre dont je ne sais pas si les filles et les transsexuels qui en sortent puis y rentrent font partie du bar à enseigne rose ou s’il y a autre chose à l’intérieur (pas encore osé m’y aventurer), en tout cas devant cette entrée il y a toujours du monde, surtout des jeunes mecs dont là encore je ne comprends pas si ce sont des rabatteurs, ce qu’ils font exactement avec les filles ou simplement s’ils glandent là parce qu’ils habitent là, ces jeunes mecs ne me parlent jamais, ils sont les seuls à ne pas me répondre quand je dis bonjour, j’espère que ça va pas durer trop longtemps, je compte sur Choy, les enfants et les filles pour leur dire que je suis sympa mais c’est pas gagné. A côté de l’entrée sombre il y a la maison de Choy avec l’épicerie sur rue de sa mère, en face un salon de coiffure tenu par une femme, la trentaine (d’ailleurs j’y vais demain matin, même si la coupe est à deux dollars ce qui est du vol me dit Seila qui va se coiffer dans les trucs à la mode pour un peu plus d’un dollar), qui habite derrière son salon et que j’ai vu sortir tous les soirs vers 22h en tenue sexy, entrer dans la voiture de son amie similairement vêtue puis partir rejoindre quelques destinations secrètes, à côté de ce salon une guest house dont j’ai vu sortir quelques vieux occidentaux et aussi entrer mais la plupart du temps accompagnés de jeunes filles locales elles-mêmes accompagnées d’un jeune homme en moto qui les dépose, part puis revient les chercher une heure après.

En revenant de ces trois jours à Battambang, à passer des heures à deux ou trois sur des motos le long de routes magnifiques, à se faire attaquer comme le veut la coutume par des jets de ballons d’eau dans les rues et à assister à une bagarre générale dans un temple bouddhique au beau milieu d’une fête, un sentiment familier, celui du vide qui accompagne les retours de période intensive et collective, genre l’après cannes ou l’après tournage (l’après colo en étant la première expérience). D’habitude il est facile de ne pas céder à l’appel du spleen en passant un coup de fil et en allant boire un verre avec quelqu’un. Là pas de bol personne à appeler, et arpentant les rues après avoir épuisé la solution du cybercafé où je suis resté deux heures je suis soudainement pris d’une impression que j’avais habilement oubliée, celui d’être seul et perdu dans un pays inconnu. Par masochisme je ne suis pas allé boire un verre dans le bar de Kongkea et Daet et pire j’ai décidé de ne pas manger dehors mais de me faire ma soupe bihebdomadaire, et pire encore en passant devant chez Choy et ne l’apercevant pas je n’ai pas demandé à sa mère d’aller le chercher comme je le fais tous les jours. Dans cet appartement que ma première rencontre avec le cafard a rendu légèrement hostile j’allume toutes les lumières, fais chauffer l’eau et me mets à l’écriture de ce billet quand mon téléphone sonne : c’est ma mère, qui a sans doute senti ma détresse à l’autre bout de la planète. Elle me questionne sur mon week-end, je lui raconte, mon père veut me parler d’un retrait de l’essec sur mon compte, elle l’engueule en lui disant que ce n’est pas le moment qu’il me racontera dans son mail, je le relance pourtant mais pressée elle semble vouloir mettre fin à la conversation, je sais que c’est parce que ça coûte cher et surtout qu’elle ne veut pas me faire perdre mon temps, mais cette fois-ci je suis prêt prolonger la discussion le temps qu’il faudra, sauf que c’est trop tard elle a raccroché avant même que j’aie le temps de lui dire d’embrasser mon frère et ma sœur pour moi, j’aurai voulu lui dire maman je me sens seul ce soir discutons encore un peu mais elle n’en dormirait plus la nuit.

mercredi 22 avril 2009

Inachevé

16 avril 21h23. Les trois jours du nouvel an cambodgien arrivent à leur fin alors que je m’apprête à commencer mes vacances : nous partons 3 jours à Battambang - la ville où j’ai tourné C – avec Seila, Sonina et Heng. D’ailleurs il s’en est fallu de peu pour que nous ne partions qu’en duo, Heng s’étant défilée au dernier moment et les parents de Sonina refusant alors qu’elle parte sans la présence d’au moins une autre fille. Mais quelques textos persuasifs ont eu leur effet et je suis donc là à laver mes caleçons à la main puis à les passer au sèche cheveu puis au ventilo en priant pour qu’ils soient secs demain, la faute à ma grand-mère de substitution qui a fui sa maison et chez laquelle je n’ai donc pas pu prendre mon linge propre et au centre commercial qui vend des caleçons horribles pour 7 dollars pièce.

Tout le monde m’avait demandé la semaine d’avant ce que je faisais pour le nouvel an, ce qui en termes de pression est équivalent à la question similaire en France pour le même événement, sauf qu’il ne s’agit pas de sortir du chapeau une soirée excitante mais de dire qu’on part de Phnom Penh pour rejoindre de la famille en province. Disons que c’est la lose de rester dans la capitale désertée durant ces trois jours comme Paris en août (sans les touristes). Et c’est finalement ce que j’ai fait, n’ayant pas de famille à visiter et voulant profiter du calme et de l’absence d’amis pour avancer sur le scénario de mon film et sur une refondation de ma stratégie de fundrising pour les mois à venir. Evidemment de travail il a peu été question finalement, mais comme souvent dans ces cas de défaite de la volonté je n’ai aucun regret car l’objet surprise de substitution en valait la peine. D’abord mon cousin de Battambang, dont j’avais promis de raconter la situation familiale extraordinaire et qui mériterait un film à elle seule (mais malheureusement il part peut-être pour les Etats-Unis dans quelques semaines, et pour toujours), puis surtout la découverte de ma rue, dans laquelle je n’ai pas l’habitude de passer beaucoup de temps, à part pour discuter avec Choy mon voisin ou pour rentrer ou sortir de chez moi, et qui est d’ordinaire toujours noire de monde, entre les innombrables vagues d’étudiants qui se succèdent chaque heure dans l’école d’anglais mitoyenne de mon immeuble, les chauffeurs de moto et les commerces de rue et leurs clients. Là pendant trois jours il n’y avait que les habitants de la rue, qui

lundi 20 avril 2009

Ca s’appelait « Ah oui je vous ai pas dit mais… »

Retrouvé ces notes que j’avais écrites pour le blog il y a un moment, pas finies puis oubliées dans un coin de mon ordi. J’ai remarqué en les relisant que j’y faisais référence dans un des derniers posts, donc difficile pour vous de comprendre…

« … j’ai sympathisé avec le garçon qui habite dans la rue en face de chez moi et dont la famille tient une sorte de petite épicerie. Il s’appelle Choy (et maladroitement je l’ai appelé Chloy à ma teuf ce qui veut dire « malpoli »), a bientôt 20 ans et va à l’université de temps à autre. On discute un peu tous les jours maintenant dès que je descends dans la rue, ce qui m’a permis ce soir – et précisément le jour où je me sens le moins bien – de goûter à l’activité préférée de pas mal de cambodgiens : la glande. En rentrant du resto qui fait le coin de la rue d’après et où j’ai mangé une soupe au bœuf pour un poil plus d’un dollar je reste un moment devant chez lui, à discuter aussi avec le chauffeur de moto qui habite dans le coin et qui m’a conduit plus d’une fois. Et la grand-mère (qui a des dents pleines de sang, et qui crache des flots de sang régulièrement, c’est vraiment spécial à voir) finit par me proposer une chaise, et je reste assis là une demi heure à ne rien faire (Choy s’est absenté faire laver des habits) (enfin j’essaie surtout d’oublier que j’ai mal aux oreilles). Et c’est un peu ce que font tous les gens ici le soir (enfin les pauvres, les riches comme j’en ai fait l’expérience le premier mois restent chez eux), glander dans la rue près de leur habitation (qui la plupart du temps sont ouvertes sur la rue). Et ils ne se disent pas grand-chose, semblent attendre quelque chose mais rien n’arrive. Ou alors ils matent la télé, souvent des karaokés au montage impossible ou des sitcoms chinois doublés en khmer. Cette capacité à n’absolument rien faire pendant si longtemps, sans que jamais on puisse soupçonner que s’invite une quelconque réflexion sur quoi que ce soit, n’a pas fini de me fasciner (même si d’un autre côté ça m’inquiète).

… mardi soir dans la salle de montage des élèves de l’université, il restait à 19h encore une vingtaine d’étudiants, mais comme à cette heure-ci il n’y a plus de prof, l’ambiance est plus cool et ils se permettent de mettre de la musique, la plupart du temps de la pop locale. Et là j’assiste à une si belle scène que j’aurais du mal à imaginer en France - encore cette histoire de premier degré : à un moment passe une chanson un peu mélo, et une élève se met à la fredonner (Kim Oan je crois), puis d’autres font de même et ils sont à la fin 6 ou 7 à chanter doucement la même musique en même temps dans la salle sans même se regarder, sans même donner de l’importance à cette scène que pour ma part j’ai trouvé formidable.»


J’écoute la musique de B. Button c’est vrai qu’elle est cool, je n’y avais pas fait attention en regardant le film. Je le reverrais bien ce soir mais le lecteur dvd de mon mac ne marche plus, ce qui est un peu le cauchemar je dois avouer.

jeudi 16 avril 2009

Tonton Veasna

De la fenêtre du troisième étage du Café Sentiment par laquelle nous filmons un long plan de la circulation de Phnom Penh la nuit, j’aperçois une silhouette au milieu de la grande rue qui m’est familière. La distance m’empêche d’en être sûr mais il me semble bien reconnaître mon amie « folle », qui traverse la rue dans un sens, s’arrête pour scruter les voitures, retraverse, pointe du doigt certains conducteurs, traverse encore et reproduit son manège inlassablement. Je la retrouve quelques minutes plus tard dans la rue, elle me montre sa blessure à la jambe, une marque horrible faite par un pot d’échappement de moto. Cette fois-ci j’enregistre son prénom, facile ça ressemble au nom des bouchées de porc à la vapeur que j’adorais quand j’étais gamin : Siu May.

Découvert un lieu incroyable ce même soir : un centre commercial dans le sud de la ville totalement fantomatique et sinistre, des lieux désertiques où les employés sont bien plus nombreux que les clients, ceux-ci se résumant essentiellement aux clients du bowling et de la salle de sport. Des employés qui restent là immobiles à attendre des clients qui n’arrivent jamais, qui dorment sur les tables ou jouent parfois aux cartes dans une arrière-salle. On pense forcément à Good bye, Dragon Inn, ou à JZK, ça s’appelle le Park Way et j’espère pouvoir y retourner de temps à autre.

Si je peux écrire ce blog c’est uniquement parce que les personnes dont je parle ne le lisent pas, j’en serais très gêné si c’était le cas, je m’en suis rendu compte quand j’ai compris que je n’écrirai rien sur ma rencontre avec Stéphanie, la sœur de Thomas revenue trois jours à Phnom Penh, car je lui ai filé l’adresse du blog ou même que je l’ai filée à Thomas.

Le moment que j’ai préféré dans cette soirée si riche c’est quand en sortant du marché de nuit Seila a proposé de faire un tour en moto et on a alors passé une demi-heure, à sept sur quatre motos, à parcourir lentement les quartiers de la ville, en discutant d’une moto à l’autre et en occupant parfois toute la largeur des rues. Un truc que j’avais déjà vu maintes fois en tant que spectateur et que je trouvais super beau. Ce soir-là j’avais réuni mes amis qui ne partaient pas pour le nouvel an (14, 15 et 16 avril), soit une poignée tant tout le monde part en province retrouver sa famille ou sa maison d’origine.

Bien que je commence à comprendre que Veasna ne me sollicite pas tous les jours uniquement par amitié ou prévenance, je dois avouer que c’est sa sœur que je trouve super, j’ai rarement rencontré une fille « respirant » autant « la joie de vivre ».

Hier et alors que je m’étais promis de travailler toute la journée j’ai passé plus de trois heures dans la rue, assis sur une chaise devant la petite épicerie de rue de la famille de Choy mon voisin, à discuter avec lui puis avec Stéphanie qui nous a rejoints. Coutume très locale que de passer une grande partie de la journée à n’absolument rien faire, parfois à ne rien dire, assis à l’ombre avec toujours comme je l’avais déjà exprimé avant ce doute sur ce qui se passe dans leur tête pendant ces plages de silence, est-ce que ça pense ou est-ce que ça ne pense pas, je devrais poser la question un jour. Choy est l’un de mes nombreux professeurs de cambodgien (tiens personne pour relever mes progrès incroyables qu’on peut admirer dans l’avant-dernière vidéo ? et moi qui étais si fier), il a 19 ans et étudie le droit. Physiquement il me fait penser à mon oncle Tonton Bora, je n’y avais pas pensé avant mais c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles je me sens très proche de lui.

Glandant ainsi dans la rue j’aperçois soudain Ada qui sort d’un immeuble en moto avec une autre fille. La moto passe rapidement devant nous mais au moment où nos regards se croisent je crois bien qu’elle détourne la tête. Quelques dizaines de minutes plus tard elles reviennent et rentrent dans l’immeuble mais cette fois-ci par l’autre côté de la rue, si bien que je me demande si elle ne l’a pas fait exprès pour m’éviter. Peut-être une heure plus tard elles ressortent à nouveau, cette fois-ci à pied et accompagnées d’un enfant, je la cherche du regard et lui fais un signe de la main au moment où elle me regarde. Les trois s’avancent alors vers nous et nous nous saluons enfin, je devine que l’autre fille est sa jeune sœur et j’apprends surtout que l’enfant est le sien, qu’il a deux ans et s’appelle Veasna. Je demande si ce n’est pas plutôt un prénom de fille, elles me répondent étonnées que non et je me dis que je suis idiot : le seul frère décédé de ma mère pendant le régime des khmers rouges s’appelait lui aussi Veasna.

dimanche 12 avril 2009

C. needs shopping…

Pour une raison que j’ignore mais que j’attribue partiellement aux photos que tu m’as envoyées hier et à leur concrétude, c’est la première fois que l’ultra précision et la persistance des images me permettent d’en faire un récit.

Je ne me souviens plus trop bien du début, comment nous négocions avec la question du temps qui a passé, je crois que je suis plein de rancœur et sans doute ai-je en embuscade, prêtes à servir à tout moment, quelques phrases cruelles dont je connais à l’avance les effets destructeurs. Il y a ensuite une sorte d’ellipse à moins que ça ne soit un trou de mémoire ou les deux mais nous finissons par passer la nuit ensemble, redécouvrant le parfum de nos corps mais aussi notre complicité d’antan. A un moment, en plein milieu de caresses, je sursaute : il semble que j’étais dans une sorte de demi-sommeil (tiens je n’ai pas pensé alors à évoquer la corde) et que je viens d’arriver à une pleine conscience. Je lui fais part de ce réveil et lui demande si les instants d’avant elle avait deviné que je demi-dormais. Son petit rictus me fait comprendre qu’elle avait bien senti que je n’étais pas là.

La lumière du plafond est allumée. Je lui demande si elle est sortie pendant la nuit, car il me semble bien que quand nous nous sommes endormis elle était éteinte (du reste je pense que je mens ou qu’au mieux je fais preuve d’intuition car je n’en ai aucun souvenir réel), elle me répond que non mais soudain je perçois dans le tremblement de sa voix quelque chose d’étrange, comme une tristesse et une conscience cachées sur lesquelles elle posait le voile d’une insouciance que par ailleurs je reconnaissais totalement. Je pense soudain que nous ne sommes pas seuls, que tout le monde doit savoir que nous avons passé la nuit ici, et j’imagine effrayé son copain ouvrir brutalement la porte et me casser la figure ainsi qu’il m’en avait menacé il y a quelques années.

A une seule reprise je crois j’évoque la réalité des choses, soit la question du qu’est-ce qu’on fait maintenant, quel est notre avenir, mais elle coupe aussitôt court à la discussion, je ne sais plus avec quel argument mais en gros en prétextant qu’il ne faut pas gâcher le moment présent, et en gros je comprends que nous n’avons aucun avenir.

Je regarde son visage. Le remarquant elle me montre fièrement qu’elle a maigri des joues et du reste c’est vrai, et l’espace d’un instant je me dis qu’elle est incroyablement belle, puis continuant à la dévisager et me réhabituant à ces traits autrefois si familiers je me rends compte qu’ils ont vieillis, presque imperceptiblement, surtout sa peau est un peu abimée, un peu rouge, comme des marques d’une surexposition au soleil, ça part du milieu des joues pour atteindre le front. Je lui demande si ce qu’elle avait au lobe de l’oreille droite va mieux (elle n’a jamais rien eu à l’oreille, je ne sais pas d’où me vient l’idée) car je ne vois plus rien (et pour cause) mais elle me répond que si, que ça n’est pas parti et qu’elle en garde toujours la trace.

A un moment je prends conscience qu’elle n’est plus dans la chambre. Je réfléchis mais ça a beau s’être passé il y a quelques secondes je n’arrive plus à me rappeler pourquoi elle est sortie et ce qu’elle m’a dit avant de partir. Soudain j’aperçois la présence en plein milieu du lit d’une sorte de ver de terre marron de quelques centimètres, je me dis vite avant qu’elle ne revienne débarrassons-en nous je ne veux pas qu’elle soit dégoûtée par l’hygiène de mon appartement cambodgien (la scène se passant alors subitement au Cambodge), je le prends à l’aide de deux doigts vite relayés par un mouchoir, je le jette dans la poubelle et voulant me laver les mains je me rends compte qu’il y en a un deuxième dans l’évier, presque sous l’eau, d’une taille encore plus inquiétante et d’une forme encore plus repoussante.

samedi 11 avril 2009

Bye bye happiness

Konkea (encore une mauvaise orthographe de départ) m’a fait le même coup que Daet, à croire qu’il est impossible d’être seule en public avec un garçon. On s’est vu à mon appart le matin pour une histoire de clés et aussi parce qu’elle a cours tous les matins dans l’immeuble voisin du mien, elle s’est proposé de m’emmener l’après-midi dans un marché de seconde main pour les paillassons que je cherche (oui des paillassons d’occasion c’est pas l’idée du siècle je m’en suis rendu compte plus tard) et le dit aprem surprise elle est accompagnée de sa sœur et d’un ami de sa sœur.

Jeudi soir j’avais promis à R. de passer et surtout d’inviter mes étudiants à la projection, bien sûr aucun d’entre eux ne s’est pointé j’avais l’air malin. Mais Thomas et les autres ont beaucoup aimé l’endroit et ont pu rencontrer Daet et Konkea. Histoire : dans le bar à un moment je discute avec un français qui a monté un business de produits de spa ( !), on se découvre une connaissance commune et lui me parle du mec de la connaissance commune, Sylvain, avec qui il a fait de la moto le week-end dernier. Deux heures plus tard (après l’épisode des happy pizzas) nous retrouvons une amie de Thomas rencontrée au Vietnam il y a trois ans et qui travaille maintenant à l’ambassade du Cambodge. Elle est accompagnée de deux types dont l’un s’appelle Sylvain. Je me dis bon ben demandons c’est si petit ici, je demande et il se révèle que le dit Sylvain est bien celui qui a fait de la moto le week-end dernier. Le lendemain à l’expo de Veasna (vraie orthographe) je le croise à nouveau…

Entre la soirée de vendredi où on a terminé avec Thomas dans une boite cambodgienne pour célébrer le vernissage de l’expo de Veasna avec une partie de ses artistes et la soirée de dimanche où Soratha m’a incrusté à la fête –barbecue et danses khmères - de départ de leur prof, j’ai honoré samedi l’invitation de J. l’australienne à une soirée chez elle comme je n’en avais à vrai dire jamais faite, où il s’agissait de disserter pendant presque deux heures sur le concept du bonheur (happiness), citations préparées et collées sur papier de couleur à la clé, objets apportés par chaque participant (on était 8) et surtout terrasse dernier étage, bougies et fruits de saison prédécoupés. Je ne sais pas si mon idée du bonheur dont la conscience n’existe pas dans le temps du présent et qui n’existe donc pas dans le temps présent mais uniquement dans un souvenir post-idéalisé, ce qui selon son humeur du jour peut faire penser qu’il n’est qu’une création de l’esprit ou qu’au contraire rien n’est plus important que d’œuvrer à la naissance de souvenirs heureux (et du même coup malheureux car terminés), bref je ne sais pas si cette idée a eu du succès mais ce qui est cool c’est que pour illustrer mon propos j’ai pu montrer l’extrait de 2046 avec l’histoire des robots à émotions différées.

mercredi 8 avril 2009

photos de mon ancien appart



Maria Timophéïevna

Il y a à peu près un mois me promenant dans le grand centre commercial à côté de chez moi pour passer le temps une fille vient me parler, habillée en haillons je ne me fais aucun doute sur sa condition de mendiante, je ne comprends pas trop ce qu’elle me dit, elle sort un cadre avec la photo d’une dame qu’elle insiste pour me donner, évidemment je refuse en sachant bien qu’elle me demandera ensuite de l’argent, puis même cirque avec une sorte de journal plié, je refuse encore et commence à être gêné, moi qui voulais juste m’asseoir comme tout le monde au dernier étage de l’immeuble regarder les jeunes enfermés dans une grande cage qui font du roller sur de la musique techno. Mais son manège devient quelque peu étrange, elle se poste un peu loin de moi et me tend le cadre photo comme pour me dire regarde la fille de la photo te regarde et te dit quelque chose. Je finis par partir et descends à l’étage en dessous à la salle de jeu vidéo. Je regarde quel est le niveau à Tekken ou à Street Fighter ici quand quelqu’un me touche le bras, je me retourne et me rends compte que la fille m’a suivi et essaie de me parler. Ce qui est marrant c’est qu’elle est un peu timide et qu’à chaque fois que je lui parle elle baisse la tête en pouffant. Elle est tout petite et physiquement assez affreuse, mais je ne suis plus trop effrayé tant il est clair qu’elle ne me veut aucun mal et qu’elle est juste un peu étrange. Nous restons donc côté à côté assez longtemps, elle attirant de temps à autre mon attention en me montrant des gens du doigt ou en ressortant sa photo, et c’est surtout les clients et les hôtesses qui commencent à se demander que font cette folle j’imagine connue de tous et ce japonais ensemble (tout le monde pense à première vue au Japon ou à la Corée, je ne me demande plus pourquoi). Je finis par m’éclipser à l’étage encore en dessous pour manger une soupe au porc, me retourne plusieurs fois pour être sûr mais c’est bon cette fois je l’ai semée.

Quelques semaines plus tard attendant dans une rue d’un autre quartier un cambodgien à qui on a donné mon numéro car il veut tenter un master à l’essec je recroise cette fille, toujours en haillons. J’essaie de discuter avec elle mais celle-ci pouffe toujours de timidité et je ne comprends pas bien ce qu’elle me raconte. Le dit cambodgien finit par arriver et je dis au revoir à la fille. Là encore les gens autour (principalement des jeunes de l’école des street kids car on était juste devant) nous regardent bizarrement, signe qu’ils la connaissent aussi très bien.

Il y a quelques jours prenant un verre avec Thomas, Amandine et Stéphanie venus faire un tour au Cambodge avant de retourner au Vietnam où ils travaillent je la retrouve encore, cette fois-ci de nuit et dans la rue des bars à expats. Je me lève et vais lui parler, elle est moins timide mais je ne comprends toujours pas ce qu’elle me dit car elle baisse la tête quand elle me parle. Très vite on est entouré de tous les enfants qui dans cette rue vendent des livres en pleurant aux touristes venus manger des happy pizzas (pizzas au cannabis, j’en avais goûté la veille avec Thomas car on m’en a beaucoup parlé mais pas d’effet je n’ai pas dû en manger assez, sans doute la jurisprudence marie), les filles sont les plus téméraires qui engagent la discussion avec moi et on parle, l’étrange fille, les enfants et moi une dizaine de minutes dans la rue, du reste je suis content de connaître les enfants ça me donnera un motif de satisfaction quand je devrai me rendre dans cette rue dont je ne suis pas ultra fan. C’est l’anniversaire de la fille le lendemain (je n’arrive pas à comprendre son prénom), elle aura 19 ans, pour l’occasion elle m’offre une carte dépliante happy birthday que cette fois-ci j’accepte, sans lui donner d’argent, j’espère qu’elle n’en attendait pas mais je crois que non, elle doit être considérée comme la folle de Phnom Penh car là aussi tous les enfants semblent la connaître, se moquent d’elle en l’affublant d’un surnom que je n’ai pas compris quand je lui ai demandé son prénom, et j’en ai même vu certains s’amuser à la frapper.

dimanche 5 avril 2009

Le dernier plan de la fille de Monaco

En rentrant de ma troisième visite en une semaine chez le docteur – mon oreille que je croyais guérie me fait à nouveau des misères – et après avoir mangé les dernières saucisses que ma tante m’avait achetées en grand nombre et mis dans le congel mais c’était sans compter sur la panne d’électricité d’il y a une semaine, j’ai fait ce que le docteur Poly m’a dit : je me suis mis 3 gouttes dans l’oreille puis ai attendu 10 minutes la tête penchée. Pas grand-chose à faire dans cette position-là à part lire ; c’est ce que j’ai fait en reprenant Les démons dont j’arrive bientôt au terme. Les retrouvailles de Chatov et de sa femme, trois ans après leur séparation, l’accouchement de celle-ci alors qu’on sait ce qui attend Chatov et que le narrateur par plusieurs indices ne laisse aucune place au suspense, c’est peut-être ce que j’ai lu de plus beau dans ce roman, ça plus la musique d’Elliott Smith que j’entends à travers la vitre fermée me laissent encore dans une humeur cotonneuse, entre mélancolie et euphorie, du reste ça va souvent de paire pour moi, être triste me rappelle que je suis vivant. Je me suis rappelé un rêve que j’ai fait il y a quelques jours, à moins que ça ne soit qu’une pensée je ne sais plus, je me suis rappelé aussi ton dernier mail Sabri sur la photo etc., j’ai pensé à mars 2005 je me suis dit ça fait 4 ans je me suis dit aussi mais tu es fou tu connais tous les mécanismes de ces artifices là, ou tous les artifices de ces mécanismes, tu sais que c’est par purs idéalisme et romantisme que tu t’accroches à cette image, que tu persistes à y croire alors que ton cerveau sait qu’il ne s’agit que d’un fantasme de l’esprit, et qu’importe pensais-je alors, laisse-moi avec ce petit picotement au cœur que j’ai appris à aimer pour lui-même, j’ai aussi eu l’idée d’un court film puis je me suis rappelé la scène dans the taste of tea avec le cousin après sa longue marche. C’est marrant me disais-je encore en arrivant vers l’ordinateur ces journées sous le signe de l’affect, car ce matin préparant le cours de ce week-end je regardais des scènes de We own the night, le début sur Blondie, la première scène avec le frère et le père à l’église, la visite de Bobby après l’attentat sur son frère et surtout après quand il tombe à genoux devant Amada, la scène dans l’ambulance entre Bobby et son père, la mort du père, j’ai pleuré plusieurs fois je crois, rien que deux minutes pour pleurer (ça m’était arrivé récemment en regardant Catch me if you can en accéléré), le film déjà vu étant alors peut-être encore plus fort car il ne s’agit plus que du souvenir d’une émotion, la mélancolie d’une tristesse - on avait peut-être trop vite fait de dire que Two lovers était encore mieux car dégraissé de la cosmétique mafieuse, car celle-ci comme chez Coppola permet une précipitation des grands thèmes universels et donc là encore une matière à affects sans égale.

(j’ai acheté Twilight, We own the night, Lady in the water, Material Girsl, Pulp Fiction et surtout l’intégrale Rohmer et l’intégrale Godard pour un total de 21 dollars – je vous rassure c’est des dvds piratés)

(je me sens presque prêt à arrêter de passer trop de temps à l’écriture de ces billets pour me mettre à bosser nuits et jours sur le scénario d’eternal feelings part 3. Serait-ce l’influence de mes élèves qui commencent à écrire le scénario du film collectif ? Ca serait marrant. Deux séquences écrites pour l’instant, ça part sur du film de campus mélangé à une enquête policière avec des blagues salaces, je m’attendais pas trop à ça mais tant mieux voyons demain ce qu’il en feront)

samedi 4 avril 2009

Les murs sont jaunes pâles maintenant

Hier quand ma tante m’a posé la question il était clair que ma réponse valait engagement et aurait peut-être des conséquences. Et, malgré le fait que je me l’étais déjà posée depuis quelques jours et qu’il était évident que oui, il fallait que je déménage à l’appartement du dessous, car 1 il est libre contrairement à ce qu’on m’avait dit à la signature, 2 il est beaucoup mieux que le mien car il résout tous ses problèmes (bruit, luminosité, plus grande imperméabilité aux insectes et fourmis) et 3 tous mes amis cambodgiens m’ont dit que 200 dollars c’était beaucoup trop pour le mien, malgré tout ça j’ai hésité à répondre, j’ai tourné autour du pot et essayé de gagner du temps avant de capituler.

Et en effet ma réponse a eu des conséquences car ce matin le proprio, l’amie de ma tante et un autre type se sont pointés pour m’aider à débarrasser toutes mes affaires à l’étage en dessous, le frigo le lit les tables tout, et après l’autre type a même passé la serpillère dans tout l’appart (oui rappelez-vous, la poussière). En moins d’une heure j’avais déménagé. Et pendant ces presque soixante minutes, le même sentiment à l’origine de mon hésitation de la veille, la même légère tristesse, la même légère peur ; c’est que je m’y étais habitué à cet appartement, sa salle de bain qui donnait sur le toit où des garçons venaient une fois par semaine piler des cannettes, le grand salon avec son carrelage orange, ma chambre aux demi-murs, les innombrables insectes qui s’invitaient chaque soir à venir regarder le même film que moi en se collant à l’écran de mon ordinateur. Avais-je vraiment raison de vouloir l’appart du deuxième, avec son plus petit salon et sa salle de bain fermée ? Evidemment dès que je me suis retrouvé seul à réfléchir à la nouvelle disposition des meubles toutes mes craintes se sont envolées au profit d’une euphorie pas tant liée aux avantages de cet appartement qu’au simple principe de nouveauté. Et ne l’ai-je pas goûté tant de fois, cet enchaînement d’humeurs, et ne l’avez-vous pas goûté tant de fois, cette angoisse toute bourgeoise de quitter un terrain connu, et la griserie immédiate de la nouveauté une fois celle-ci décidée ? Je ne parle évidemment pas que d’immobilier.

mardi 31 mars 2009

Where would plants go if they could walk ?

Aujourd’hui moment très marrant, encore un, dans l’université concurrente de celle où j’ai un atelier. C’est Ana, que j’avais rencontré à la M. et qui m’avait estomaqué par son aptitude très inhabituelle pour une cambodgienne à parler à tout le monde, à faire des blagues et à rire fort, qui m’avait convié à ce que j’avais compris être des débats chaque dimanche à midi sur des thèmes à chaque fois différents, et que j’imaginais être d’actualité, économiques ou politiques. Tu parles. Je débarque dans un toast master club (je pense que vous pouvez trouver sur google moi j’ai pas internet), c’est à dire une sorte de club privé où les membres s’entraînent à devenir de bons orateurs en venant chaque semaine s’exprimer devant tout le monde. C’est très procédurier, même pré-minuté sur une feuille distribuée à chacun, il y a d’abord un grand américain, visiblement le président de séance, qui lance le meeting par une blague (le moment s’appelle sur la papier « joke telling » et doit durer 5 minutes), puis une fille cambodgienne prend le relai (tout le monde parle anglais), parle deux minutes et redonne la parole à l’américain qui va alors pendant 30 minutes poser des questions un peu absurdes, genre quelle est la fleur que vous détestez le plus, auriez-vous peur d’un ghost tree, et désigne à chaque fois dans la salle quelqu’un qui doit venir donner une réponse à la question devant tout le monde, en essayant d’être « out of the box ». Les types sont plus ou moins doués, plutôt moins, et peinent à faire de l’humour. On dira qu’ils restent bien dans la boîte mais à leur décharge l’exercice n’est pas facile et en plus ils semblent tous parler mieux anglais que moi.

Après cela trois filles vont se succéder et parler chacune 7 minutes sur un discours de leur composition sur un sujet donné, ici la peur, là the power of story telling. A chaque fin d’intervention un evaluator à chaque fois différent vient à son tour au centre donner son impression de la prestation précédente, en essayant d’être critique mais c’est quelque chose d’assez difficile pour les cambodgiens (pas tant l’esprit critique que de dire du mal de quelqu’un).

Ah oui j’oubliais il y a plein de votes : on vote à bulletin secret pour la personne ayant eu la meilleure réponse dans le premier exercice, puis pour le meilleur discours, puis pour le meilleur évaluateur. Ca plus le fait que chaque intervention soit récompensée d’applaudissements nourris, que chaque passage de parole se fasse par une poignée de mains virile, ou encore que chacun des trois discours baignait dans une certaine culture de la win (se battre pour gravir les échelons du jeu social, avoir un rêve mais travailler pour le réaliser, la famille qui transmet par le récit son expérience pour les générations à venir…) donnait un truc à l’idéologie très anglo-saxonne et a fortiori américaine dont la rencontre avec des cambodgiens habituellement à l’opposé de cette culture était tout à fait fascinante.

A la sortie et après que j’ai pris la parole car l’américain a demandé à tous les « guests » de faire un commentaire sur ce qu’ils ont vu, plusieurs jeunes viennent à ma rencontre me questionner puis m’invitent à manger avec eux dans un Mac Donald’s local. Je retiendrai surtout Thaoo (c’est fou comme les universités sont désertées par les jolies filles), un garçon de 18 ans étudiant l’anglais et les medias, qui m’a dit qu’il pensait que j’avais son âge (alors là je comprends vraiment pas pourquoi même au Cambodge on me dit que je fais jeune alors que j’avais toujours dit en France pour me défendre que c’était dû à mon génotype asiatique), et qu’il aimerait trop assister aux ateliers ou m’aider dans mes films, malheureusement c’est un peu tard pour les ateliers mais j’aimerais bien le revoir il a une tête marrante.

lundi 30 mars 2009

Elle s’appelait Sylène, je l’avais presque oubliée


copyright Julien S.

Avec le plan séquence de Carlito’s way j’ai abordé pour la troisième fois des sentiers théoriques qui à chaque fois me donnent des sueurs tant j’ai l’impression de patauger et de ne pas savoir comment rebondir devant ces regards perplexes. La première fois c’était la séquence du tango dans Catch me if you can et la seconde l’utilisation du zoom arrière dans Barry Lyndon, là j’invente rien je reprends ce que j’ai lu chez Lagier, mais faire comprendre qu’un personnage peut contre son metteur en scène se cacher dans la coupe entre deux plans et que celui-ci lui répond en sortant le plan séquence, c’était peut-être un peu ambitieux. Quoiqu’il en soit je leur ai montré après le film en entier (je programme un film chaque semaine pour ceux qui veulent rester après le déjeuner, avant y’a eu Vertigo et Kill Bill) et même là je les ai senti se faire un peu chier, trois se sont endormis, un autre s’est barré, je sais pas si c’est le fait qu’ils dorment pas beaucoup ou que vraiment cette génération élevée aux films coréens ne peut plus supporter une scène de discussion dans un film (l’impasse film lent, quand même…). Du coup je sais pas quoi passer pour la prochaine fois, j’ai trop peur qu’ils désertent tous (et j’ai aucun film HK sur moi à part des WKW mais là aussi, encore si j’avais Chungking Express mais c’est le seul que je n’ai pas retrouvé). Je veux leur passer un film romantique car ils adorent les films « sentiment » (en français dans le texte) mais je n’ai rien sous la main (merde j’aurais dû acheter Breakfast at Tiffany’s). Ah j’ai trouvé je vais acheter Twilight au marché noir (2 dollars le dvd piraté en parfait état sauf les traductions anglaises absolument catastrophiques). Mais bon j’étais censé faire une programmation histoire du cinéma en 15 films…

Vannak me propose de me raccompagner chez moi mais surprise quand je sors du CDI c’est finalement Boramey qui m’attend, elle s’est arrangée avec Vannak car mon quartier est sur son chemin. C’est la première fois qu’on n’est que tous les deux, on parle surtout de la situation des lady boys au Cambodge. Elle m’enverra un texto le soir pour me dire qu’elle ne peut pas me rejoindre et je m’apercevrai alors que je ne peux pas lui répondre car je n’ai plus de crédit sur mon téléphone et même plus 5 dollars en poche pour le recharger tant l’hôpital français m’a dépouillé la veille.

Au CF où je rejoins Viesna qui m’a prévenu dans l’aprem qu’il y aurait une expo vidéo, je croise comme c’est le cas à chaque fois que je vais dans ce genre d’événement plein de têtes connues, le directeur de télé, la proviseur du lycée français, la mère artiste de deux de mes élèves français, mon seul allié dans le centre d’archives de RP, le bras droit de Nico à la M… Et je me dis que ceux-là se croisent donc tous les soirs car il y a tous les jours des trucs à faire dans ce circuit. Du reste je ne critique pas, c’est un peu la même chose dans le milieu du ciné, tout juste me fais-je la remarque que même si je les connais (et encore je ne crois pas connaître beaucoup de monde) je me sens pour l’instant étranger à ce manège sans que je sache si je le regrette ou pas (enfin si je sais que j’en tire une fierté finalement assez puérile en même temps qu’un léger regret (mon côté mondain dont il faut que je me débarrasse), deux passions tristes donc). A la limite ça on s’en fout, c’est plutôt qu’à un moment un sentiment étrange s’est invité qui m’a ensuite poursuivi pendant la suite de la soirée. A cette expo je suis donc avec Viesna et sa bande que je connais maintenant un peu, et on est tous assis presque au milieu de la pièce centrale, une dizaine de personnes disons, à parler et à se marrer. Et là passent des gens que je connais, certaines des personnes précitées, et quand nos regards se croisent, je ressens une gêne, comme si tout d’un coup je prenais conscience que je faisais semblant, et qu’eux pouvaient rien qu’avec leur regard révéler la supercherie, que je suis bel et bien un français qui joue au cambodgien, tapis dans un groupe de jeunes locaux, à parler et rire avec eux alors qu’il ne comprend même pas leur langue.

Plus tard au même bar que celui de la vente aux enchères caritative, où un français que j’ai rencontré à mon arrivée fête son anniversaire et où j’ai incrusté la bande à Viesna, rebelote. On est tous les 6 allongés les uns sur les autres dans une sorte de boudoir en plein air, à se prendre en photo (il y aurait aussi beaucoup à dire sur la joie qu’éprouvent les jeunes ici à se prendre en photo), à se faire des papouilles (de préférence entre même sexe, l’amitié étant ici quelque chose de très tactile (oui fanny je me fais violence mais j’en suis très content)), Dan me pince la poitrine en me demandant si je fais du sport, Soleil me montre des vidéos sur son téléphone de ses chansons US préférées, des soupes mélo inécoutables, je lève les yeux et juste à côté plusieurs dizaines d’occidentaux debout un verre à la main, les filles tirées à quatre épingles, les garçons tout en muscle et bronzage, c’est tout ce qui me dégoûte pense-je, et pourtant j’ai envie d’y être, de leur parler, de retrouver un goût d’occident. C’est quand même dingue, je suis en passe de réussir mon pari : je connais beaucoup plus de cambodgiens que d’étrangers, je suis presque intégré dans au moins deux groupes d’entre eux, je ne sors pas dans les coins à expats tous les soirs, et pourtant cette envie d’ailleurs qui ressemble trop à cette fameuse loi de l’herbe est toujours plus verte chez ton voisin pour que je ne trouve pas une autre explication à ce coup de blues, et celle-ci finit par arriver. Le premier degré dont je parlais précédemment concernant la fête à laquelle j’avais assisté, ce premier degré que je retrouvais ce soir également, dans les photos, les chansons et la façon de rire, ce premier degré qui finalement définirait plutôt bien tout ce que j’aime dans cette jeunesse cambodgienne, je l’admire, je l’envie, je suis heureux d’en être le spectateur mais, et malgré tous mes efforts pour en être, je n’en serai précisément jamais que le spectateur. On ne retrouve pas sa virginité si facilement par art du mimétisme et facilité sociale, et c’est un constat assez douloureux.

dimanche 29 mars 2009

Pardonnez-moi M. Gaide, professeur d’anglais en classe prépa à Lyon

"Hi,

The first part of the film workshop, the theorical one, nearly ends. The students have learnt and practiced in the same time and now they know a little about movie langage, editing and shooting. They shot a short story they wrote last week, will edit it this week and the film will be on A. TV in May.

Now we begin to work on the final project of the workshop that is a collective film of nearly 45 minutes with all the classes involved in this project : MS, RU, R. and LD.
Each class will be divided into several groups (but we don’t mix the schools) and each group will write a sequence of the scenario, then will shoot and edit it. The writing of the scenario will go from one group to another, so that each group when it will be its turn will have the possibility of changing the direction of the movie if it wants to. In MS we have 12 students so we’ll make 3 groups.

When all the scenario will be written, we will organize a casting for the whole movie. This is the main point of my message. I obviously don’t know yet what will be the story and who will be the main characters, but I do want to make the casting with students from MS. Several reasons came to my mind when I had this idea : the creativity they show me (for the students of the film class) each week, their natural in front of the camera (better than the other students) and the fact that their schedule is sometimes more flexible than other students because I work directly with the staff of the school. I know that the students are not here to be actors but to learn a job, but I really think that if the schedule allows them to participate in the film that would be a great experience for them.

So the idea would be to organize the casting in MS, opened for all the students from MS for the young characters of the movie (and maybe opened also for other people if we have special ask for). I need to know if you agree with this idea because it will have consequences for the students who will be chosen as actors : we will shoot nearly 14 sequences, that means that we will need them a lot, sometimes in the week-end but maybe sometimes during the week. The schedule will not be easy to organize because I face the contraints of each school and each students… Of course I will be more precise when we will have the scenario and the complete list of characters.

The casting would be between the 27th April and the 2nd May.
The days for the shooting will be spread in May and June.

I am opened to any suggestions and hope that you will like the idea. I really think that it would be great for the film and also for the students of MS.

Best regards,"


ah tiens regardez ce que j'ai trouvé en dérushant , ça m'a pris 2h45 pour la mettre en ligne (alors que j'ai encore une dizaine de vidéos prêtes à être postées), internet a buggué vers la fin, j'ai cru que j'allais chialer mais non tout va bien ça a marché.

vendredi 27 mars 2009

Rain and tears

Mon oreille gauche va exploser. C’était pourtant la droite qui a commencé à me faire mal au réveil il y a trois jours, mais l’autre s’y est mise aussi et elle se fait maintenant un plaisir de bourdonner comme si une abeille était à l’intérieur et me piquait régulièrement. Comme je ne suis pas sûr d’être encore à la sécu française et que je n’ai pas pris le temps de m’assurer sur place (c’est surtout que je n’avais pas prévu le coût et que c’est bonbon et que je n’ai pas un rond), je suis allé voir un médecin local conseillé par ma famille de Phnom Penh. D’après lui c’est juste dû aux boules quies, il ne m’a donc prescrit qu’une crème qui pour l’instant ne fait aucun effet… Je ne dois ma survie qu’aux cachets de paracétamol que je prends toutes les 4h. Du coup sans boules quies je suis condamné à me réveiller tous les matins à 6h vu qu’on entend la rue comme si on y était de mon appartement, et ceci même si je suis au 3ème.

Et c’est dans cet état que j’abordai ce matin la journée que j’appréhendais le plus concernant les ateliers depuis le début, à savoir 3 tournages avec 3 classes différentes en vue de monter le tout la semaine prochaine et de pouvoir participer au concours de films courts organisés par la chaîne TV de mon vieil ami de l’essec, proposition que j’ai tout de suite acceptée d’abord parce que je sais pas dire non, ensuite parce que ça constitue un bon entrainement pour les élèves avant le film collectif final qu’on va commencer à travailler bientôt, enfin parce que les élèves seront trop fiers de se voir à la télé.

Si j’appréhendais cette journée, c’était surtout dû à celle de la semaine d’avant où chaque classe avait dû écrire des mini films par groupes puis choisir celui qu’on tournerait la semaine d’après. Ce jour-là je m’étais confronté à plusieurs choses désagréables à la fois, mes énormes limites de professeur dans tout ce qui concerne l’esprit critique en temps réel et la psychologie pédagogique, l’obstacle de la langue, car il m’était presque impossible de comprendre exactement quels découpages ils avaient en tête (l’exercice était de raconter une histoire en 6 plans muets avec un très gros plan et un panoramique), mon incapacité à gérer des enfants, mes 5 collégiens français me rendant dingue par leur indiscipline (et moi évidemment qui ne sais pas me fâcher). En bref je commençais à douter sur ma capacité à leur faire faire des films corrects et comprenais que malgré tous les cours théoriques sur le plan, les mouvements de caméra ou le montage, il est difficile de penser un film quand on n’en a presque jamais vu de sa vie. De plus le dernier cours avec les collégiens m’avait presque déprimé, dans la mesure où j’avais l’impression que le film qu’ils s’apprêtaient à faire était catastrophique et que je n’avais rien trouvé à dire pour les en empêcher.

Ce matin donc, une montagne à traverser et des oreilles au bord de l’explosion : je n’avais aucune idée de ce qu’allaient donner ces 8 heures de tournage sous le soleil. Et j’avoue que je me suis éclaté, même si là tout de suite j’ai envie de dormir comme rarement. Je ne sais pas ce que donneront les films (pas grand chose sans doute, même si j’espère un ou deux beaux moments dans celui des élèves de la rue) mais les élèves se sont révélés impliqués et créatifs, tous les plannings ont été respectés et à chaque fin de tournage tout le monde avait le sourire. C’est déjà ça.

Heng 12 :38
« Hav u seen doctor ? I’m so worried about u. Will u be able to teach us on this Saturday ? »

Viesna 09 :40
« Morning Davy, how are you today ? How were your ears ? Did doctor say anything about why it hurt ? »

Seila 11 :01
« hi Davy how r u duin ? r ure ears ok ? wish u good health »

Sothoeuth 11 :02
« Hi, Davy ! I heard year 3 students said you have problem with your ears. How is it now ? Wish you better soon. Good luck ! »

Kim Oan 15 :27
« Hi Davy, i didn’t see u at de party yesterday. How i sur ear now ? wish they r fine. Kim oan ! »

Boramey 16 :47
« heard dat u were sick , r u getting better now ? »

Soratha 17:38
"hey DAVY! U GET better now? I heard u got sick with ur ear. Soratha"

"Dear Lecturer:
How have you been? I heard my classmates had said you got sick.
We really want your participation in the final days of our production and joined the party of the production and certificate ceremony.
Your ideas in editing help us a lot and make the film production possible.
Best Regards and Best Wishes
Sokunthea, DMC
Tel: 012 839 26"

mardi 24 mars 2009

en 3 temps - 3

Pire nuit depuis mon arrivée : je débarque chez moi à 20h30 conduit par Sothea - dont je crois comprendre avec les nombreux sous-entendus dont je fais l’objet qu’il craque un peu sur moi, mais il est moins entreprenant que Soratha qui n’en rate pas une pour me demander s’il peut avoir des cours particuliers pour rattraper les séances où il était absent ou s’il pourra venir dormir chez moi s’il vient un jour à Paris – juste après avoir diné avec 6 étudiants sur la gentille initiative de Kim Oan, et là surprise : pas d’électricité. L’horreur. Pas de lampe torche, mon téléphone, seule source de lumière, a bientôt plus de batterie, je sais qu’il y a quelques milliers de fourmis rouges qui se sont invitées chez moi depuis que j’ai eu la bonne idée de laisser un sac poubelle avec de la bouffe dedans à l’intérieur et il est trop tard pour appeler ma famille cambodgienne. Pour avoir une idée du sentiment d’impuissance à ce moment là je sais pas il faudrait s’imaginer être à la campagne sans amis et sans téléphone et là blackout total à 1h du mat. Tout ce qui est au congel a fondu, signe que ça fait un moment que ça dure et que je vais devoir jeter tout ce que j’ai au frigo. J’appelle mon proprio qui ne parle pas anglais mais heureusement sa fille oui qui me dit que son père débarque dans 15 minutes. Plus de clim et de ventilo donc, je sue comme un porc en caleçon assis dans mon living room à écrire sur mon mac quand il arrive avec son fils, pour finir par me dire qu’il reviendra demain matin voir ce qui ne va pas mais qu’en attendant je peux dormir dans l’appart d’en dessous qui lui appartient aussi. Là où je suis donc au moment où j’écris, seul dans la chambre où j’ai installé le lit pliant, à me demander ce qui est le pire : la poussière sur le sol, l’eau du robinet qui sent la javel, le fait d’avoir oublié d’acheter de l’eau minérale et que je commence à être en complète déshydratation ou le fait que je risque bien d’être une fois de plus le festin préféré de mes amis les moustiques.

en 3 temps - 2

Quelle prétention ! Et quelle leçon ! Je poste quand même le billet précédent, même si deux jours ont passé, comme un autodafé (pas sûr d’utiliser le bon terme là), mais comment ai-je pu avoir la vanité d’apprendre aux cambodgiens à faire la fête ? Comment me suis-je persuadé qu’il fallait leur montrer qu’on pouvait s’éclater passé 21h en buvant des bières et en dansant sur Justice ?

Je me suis rendu le lendemain - comme un signe – à la Farewell Party à l’université pour le départ d’une prof, teuf organisée par Heng l’une de mes élèves et quelques autres. Ca commence à 16h et quand je dis organisé ça fait écho à la question que m’avait posée Sonina en arrivant chez moi samedi et que je n’avais pas comprise: « So what is the program ? ». Là le programme était réglé au millimètre, avec dans l’ordre bouffe (mais contrairement à chez moi beaucoup plus de nourriture que de boisson), jeux (de celui qui mangera le fruit accroché à la ficelle le plus vite à celui de la chaise musicale sans oublier la course en couple avec ballon, où j’ai perdu en finale avec Pidor l’assistante du département sur qui Bunny a des vues à moins que je ne comprenne définitivement pas l’humour cambodgien), film surprise (de départ de la prof) puis danses en plein air alternant musique khmères vieilles et récentes avec du hip hop et du madison, et ça a même fini par un concours improvisé de défilé en couple (là je n’ai pas osé participer). Depuis quand je bave sur un programme me diras-tu, non c’est pas tant que ça que la façon incroyable avec laquelle ils accueillaient chaque événement, cette façon de remettre à chaque fois en jeu une innocence qui contrastait tellement avec ce que j’avais vécu la veille dans la boite branchée (s’amuser car on en a pris l’habitude chaque week end, danser mécaniquement car on sait que c’est ce que notre corps fait quand il entend de la musique techno). Pas une goutte d’alcool et pourtant à 20h j’avais l’impression de me retrouver devant une cinquantaine de gens ivres morts.

En réalité on peut comparer ce que j’ai vu à une kermesse de fin d’année au primaire organisée par l’école, avec animations et tout et tout, et expliquer cet état de fraicheur par le fait qu’ils font 2 à 3 fêtes par an, n’empêche cette façon d’aborder la danse m’a revivifié, ni la démonstration technique ni la parodie forcée, juste une joie très enfantine de faire bouger son corps de façon inhabituelle, de se laisser aller et de rire aux effets engendrés. Non j’insiste il fallait voir ça : à peine la musique lancée tout le monde s’est rué sur la pelouse pour danser, situation impensable en France, et le défilé, j’y reviens mais là aussi il faut se le matérialiser. Ou plutôt imaginer situation semblable chez nous : à la fin d’une fête nous nous mettrions en couple et défilerions chacun à notre tour en singeant la démarche d’un mannequin... En fait c’est ça, aucune place pour le ridicule d’où une bien plus grande générosité et une joie bien plus immédiate. Un premier degré que j’envie pour ma part beaucoup.

Heng 21 :06
« Did u enjoy party this evening ? the food is not enough for everyone, sorry about that. Anyway, i think u enjoy dancing and game. Thanks 4 being here. »

Soratha 21 :33
« hey Davy ! Did u arrive home ? I just got home now. Feel good today. RATHA »

Vannak 22 :21
« Hi Davy. Are you home now ? I am home. Vannak »

en 3 temps - 1

Un peu déçu, pas mal même. Bien sûr on peut pas parler d’échec, il me semble que tout le monde est parti très content, mais une accumulation de petites choses pour la plupart dues à mon manque d’anticipation et d’organisation, alors que j’y ai pensé toute la semaine à cette teuf, à croire que mon cerveau prend parfois congé, ont fait que la mayonnaise n’a pris que par moments épars, et que c’était pas la folie dont je m’étais pris à rêver. Déjà envie d’en refaire une pour réparer le coup, mais vu la thune que j’ai dû dépenser pour celle-ci ça sera pas pour demain.

Bon mis à part mon retard au départ, la faute aux brochettes de bœuf grillé et au kilo de glaçon à chopper en moins de 20 minutes, c’est surtout la sono qui a pêché, je les sentais tous chauds pour danser comme des fous sur le R&B ou le Hip Hop que tous les jeunes affectionnent ici sauf que le français qui devait m’apporter des haut-parleurs est arrivé avec une heure et demi de retard ce qui est une faute professionnelle étant donné que les cambodgiens se pointent à l’heure précise et qu’en plus une fois arrivé chez moi il se rend compte qu’il a oublié la télécommande et que ça ne fonctionnera pas sans. Il repart donc chez lui mais quand il reviendra, un peu moins d’une heure après, les élèves des deux ONG seront déjà tous partis et ne resteront que ceux de l’université qui eux se tireront tous vers 21h prétextant qu’ils habitent loin, qu’ils doivent travailler demain (dimanche), qu’il est déjà tard. Et ce ne sont pas de excuses polies, c’est juste qu’effectivement on ne sort pas tard ici et qu’à 21h il est normal de rentrer chez soi. Pour finir sur la musique heureusement que Bunny a réussi à brancher son lecteur mp3 sur les haut-parleurs (c’est le branchement mac qui nécessite la télécommande), malheureusement il n’avait que de la musique cambodgienne, ce qui était très bien au début car une piste de danse s’est formée avec les danses traditionnelles khmères que j’avais apprises l’autre jour mais ce n’était pas suffisant pour véritablement lancer l’ambiance.

Les cambodgiens ne viennent en fait pas les mains vides aux fêtes, la bouffe reste la partie de l’hôte mais eux viennent avec des cadeaux, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout. Le meilleur est celui des élèves dits de la rue, qui m’ont offert une sorte de poster avec des photos d’eux et moi pendant les cours, avec leurs signatures au dos. Faut que je trouve comment mettre ça au mur.

Quand J l’australienne et son amie Christine sont arrivées, les jeunes français n’étaient pas encore là si bien qu’elles étaient les seules occidentales avec moi au milieu d’une quarantaine de cambodgiens, par ailleurs et même si elles ne sont pas restées longtemps elles s’en sont bien tirées et je les ai vu discuter avec plein de monde (les anglophones uniquement bien évidemment).

Mal prévu les ratio de boisson, aujourd’hui il me reste pas mal d’alcool et plus du tout de soft. Faut dire que j’ai parfois des réticences à les inciter lourdement à boire vu que je suis aussi censé être leur prof. A noter que les brochettes ont disparu au bout de 10 minutes, et que j’ai profité d’aller chercher les français pour en acheter 30 autres en bas de chez moi.

A 21h donc il ne restait plus que les français plus Virak un type que j’ai rencontré à une conférence sur le cinéma cambodgien et Thirak dont je ne raconterai donc jamais nos formidables retrouvailles il y a deux jours. Quand j’ai raccompagné Virak une demi-heure plus tard Viesna et son groupe d’amis sont arrivés (ils avaient un vernissage avant).

A peu près au même moment, sans doute avant, L (je m’étais aussi trompé pour son nom, décidément, et avais compris Eleonore) a commencé à se sentir mal et ça n’a fait qu’empirer jusqu’à la fin. Je ne regardais pas trop au début, sans doute par ce que je me disais que c’était de la faute du verre de vodka que je lui avais servi en oubliant qu’à 18 ans on ne boit les mêmes verres qu’à 25, puis à un moment je suis allé voir sur le balcon et elle et son amie C étaient en train de pleurer assises sur le sol, L s’est jeté dans mes bras (sur mes genoux en fait je crois) et a pleuré un moment et comme d’habitude je n’ai pas trop su quoi dire. Un peu plus tard je lui ai fait prendre une douche froide (de toutes façons je n’ai toujours pas l’eau chaude) et surtout juste avant de partir elle est venue me voir dans ma chambre, s’est accroupie face à moi et m’a révélé le visage baissé et en chuchotant le terrible secret qui d’après ce que m’en disent ses amis refait régulièrement surface lors des soirées trop alcoolisées.

Après on est sorti dans l’une des boites à expat les plus connues avec les deux derniers français et Thirak, puis Konkir et Daet m’ont appelé comme convenu, vers 1h, on est allé les chercher à leur taf et on a fini dans une autre boite branchée sur un bateau, à vrai dire des endroits assez sordides où les seules cambodgiens sont des filles super jolies et dont on peut aisément présumer quelles sont presque toutes des prostitués, et autour des étrangers en short aux avants bras épais qui s’amusent avec elles un peu comme si de rien n’était, comme si leurs conquêtes en étaient vraiment unes, je n’ai rien contre les putes à vrai dire, au contraire même, mais je ne peux m’empêcher de trouver ces situations profondément dégoutantes, le même truc que j’ai ressenti en Thaïlande et dont je te parlais Nicky, j’aime bien la prostitution car quelque part dans la honte du gars qui paie pour faire l’amour il y a une victoire de la femme, ici - et encore pire en Thaïlande avec toutes ces filles qui cherchent surtout un mari pour sortir du pays - les types ont vraiment l’impression d’être des tombeurs, si si rien qu’à voir leurs comportements dans les boites, et la façon dont les filles réussissent à force de compliments à créer l’illusion. Et j’imagine que Konkir et Daet ne devaient pas se sentir super bien non plus. Thirak, bourré, m’a raccompagné chez moi en moto, il se propose d’être mon chauffeur dès que j’en ai besoin et ceci gratuitement. On verra.

Lyda Reyum 11 :26
« Hello teacher, how are u ? Do u have lunch yet ? What do u have to do ? We want to help u … »

L 12 :14
« Hey c L (rallye tuk tuk…), si tu ns attends tjs bien ce soir, dis moi ce que tu veux que … »

J 17 :42
« Hey davy i might just drop by and say hi. Can u send me the details again ? »

Virak Cinephile 22 :45
« Hi my friend ! u not yet finish ? i want stay with u long time tonight but i worry my mother wait 4 me long time. next time i will sleep here. Ur party so happy. G9 »

Viesna Artiste 23 :13
« How about the girl ? She get better ? »

Virak Cinephile 23 :16
« Yes if free time i will meet u or sleep at ur place next time. I want talk much with u about my problems because i no good frn to tell or talk with him. GOOD 9 »