lundi 5 octobre 2009

pour ceux qui n'ont pas facebook si ça existe

là, , , , et .

écrit il y a deux semaines.

Bon ce soir j’avais fort à faire, comme tous les soirs depuis quelques semaines ; comme tous les jours ma to do list s’est entachée de ratés à rattraper le lendemain ou à déléguer ou à abandonner (entre parenthèse imaginer une vie à essayer de réaliser quotidiennement une liste d’actions est au plus opposé de ce à quoi je pourrais idéologiquement rêver, on dira que c’est dans la contradiction qu’on se révèle), Kavich est resté plus longtemps que prévu monter le trailer de leur film, et puis très logiquement j’ai baissé les bras et me suis rué au T&C coffee afin d’y jouir d’internet. Mon cahier bleu me servait d’alibi, dessus il y avait une liste de mails à envoyer et de logos à télécharger ; bien sûr une fois connecté au wifi j’ai passé deux heures à oublier deadlines, doutes et fatigue.

On dira donc que ce soir j’abandonne pour de bon, comme par hasard ça tombe sur le jour le plus important de la fête des morts, aucune symbolique mystique, juste que comme pour le nouvel an khmer Phnom Penh s’y trouve désertée et que ce genre d’atmosphère est propice au sentiment de solitude.

Mes parents sont passés trois semaines au mois d’août. Ils m’ont été d’un soutien moral extraordinaire. Comme toujours c’est ma mère qui a eu les mots exacts. Si je me souviens bien ça disait « je trouve que ta vie ici est triste. Tu es entouré de plein de gens tous les jours, mais tu es seul. Pas de famille, pas de femme ni d’enfant. C’est une vie très triste. En France même si tu vis tout seul, tu sais que tu peux appeler Jacky (sic). »

Je n’irai pas jusque là mais elle touche quelque chose de très juste concernant les rapports amicaux entre cambodgiens, que je voulais développer fut un temps et puis bon ça attendra mon retour.

J’avoue que je ne sais plus trop ce que je suis venu faire ici. Je me rappelle vaguement avoir suivi une intuition de départ, ou une nuit d’inspiration, puis j’ai dit aux gens que je partais pour être sûr de le faire, puis je suis parti, puis j’ai dû faire les choses que j’avais écrites sur un papier cette nuit là, puis j’ai rencontré un type qui m’a proposé un projet, j’ai pris quelques heures pour écrire des idées sur un papier et rebelote je me suis retrouvé à devoir leur donner une matérialité. Il n’est donc pas inexact d’avancer que je me suis fait dépasser par mes projets, j’aimerais dire par le vent de la vie si je ne ressentais pas maintenant chaque jour le poids de leur ampleur. Car il s’agit bien, je ne m’en suis rendu compte qu’avant hier, des (en tout cas pour l’expo) choses les plus importantes (pas à titre sentimental mais disons d’un point de vue objectif) que j’ai jamais eu à réaliser.
Je rêve du temps tous les jours. J’ai oublié ce que c’était qu’une salle de cinéma. Je ne suis même plus amoureux.

Haut les cœurs cependant. Le sentiment était connu mais il n’y a rien de plus excitant (à part faire un film) que de diriger un projet, de sentir une communauté d’énergies non pas réunies par un contrat mais par un même enthousiasme, j’aimerais trouver des mots plus justes mais la fatigue commence à me donner des coups de marteau (en fait à la relecture je crois que je pourrais dire il n’y a rien de plus beau que de dévoiler le sentiment que rien n’est impossible). Comme le disait mon ami Vincent Ricot le plus dur est que tu ne peux pas partager cette nouvelle vie avec les amis de la précédente. C’est vrai j’aimerais tant que vous voyez ça.