jeudi 26 février 2009

City Light

Soirée incroyable hier dont je me suis promis de faire le récit ici, mais tant de choses à faire que je vais (essayer de) faire court.

Avant ça trois choses:

1- passé 3 jours formidables à Battambang, où j'ai visité de la famille qui, chose inédite par rapport aux autres bouts de famille rencontrés depuis le début, est très pauvre. La grand-mère, veuve, occupe une petite maison où elle loge la plupart des enfants d'un histoire familiale complexe, en plus d'autres jeunes d'environ 20 ans qui dorment là chaque nuit, ensemble dans des moustiquaires et presque à même le sol. Je détaillerai plus tard car cette histoire vaut le coup mais j'ai beaucoup pensé à la maison des bois: la même tristesse et en même temps le même bonheur. j'ai pas mal filmé, reste à monter (j'espère la semaine prochaine). ai aussi filmé deux événements assez étonnants: la chasse au poisson par les enfants et les jeunes, dans la boue d'un étang vidé, et le vol de centaines de cygnes au coucher du soleil. Il y aussi les nouveaux enfants que j'ai rencontrés (mes cousins) et qui m'ont à nouveau adoré, à croire que j'ai la cote avec ce genre d'humains. Il y a surtout qu'au terme de ces 3 jours j'ai toutes les grandes lignes du scénario de la fiction que je veux tourner à la fin de l'année. Je pensais pas que ça arriverait si tôt. Bien sûr tout est susceptible de changer en 6 mois, tout va changer même, mais ça fait du bien par où ça rassure du poil de la bête. Ah oui autre révélation qui a précédé le week-end: j'ai compris (en cela le dossier global de présentation de la bourse que je présente et dont l'oral est en mars -Jacky et Sylvain le font à ma place- m'a pas mal aidé) que les trois projets que je fais ici n'en formaient qu'un, que les réunir n'était pas qu'une mise en forme arrangeante pour la recherche de subventions, et qu'il fallait la chose révélée savoir tisser les liens entre les trois, nourrir chacun aux mamelles des deux autres (euh oui je sais pas pourquoi les mamelles). Bon dis comme ça c'est un peu flou je préciserai peut-être plus tard.

2- j'ai mon appart, les clés et tout et tout. je posterai des photos quand j'en aurai. j'emménage la semaine prochaine, le temps de faire mes adieux à mes hôtes actuels. j'ai hyper hâte et un tout petit peu peur.

3- je sais plus c'est quoi 3... peut-être le fait que ma tante de France est partie aujourd'hui ainsi que la fille américaine de ma grand-mère de substitution, ce qui marque d'autant plus la transition avec la fin de ma période d'adaptation, peut-être le tournoi de sport auquel j'ai assisté cet aprem dans l'école où j'étais censé donné cours, peut-être la visite que je vais faire à Nicky à Bangkok ce week-end, ben non je sais plus.

Hier donc, passé la soirée avec la dernière grande actrice vivante (il y a eu 4 grandes stars féminines dans les années 60-70), qui pour la dernière nuit de ma tante ici nous a proposé d'aller danser au city light, un club formidable où la clientèle est exclusivement composée d'hommes mariés qui choisissent à l'entrée des hotesses tirés à quatres épingles et pour certaines sublimes, boivent en leur compagnie puis vont danser avec elles sur une piste totalement obscure lors des slows pour un plus grand anonymat, même si la pratique est tellement courante ici (s'amuser sans sa femme avec des jeunes filles, sans pour autant aller plus loin) que c'en est presque coquet. Que des hommes mariés et des hotesses donc et nous: ma tante, moi, l'actrice que tout le monde évidemment reconnaît (c'est limite une légende vivante) et surtout des amis à elle, trois femmes et un homme. Deux d'entre elles sont aussi des comédiennes de l'époque, la dernière je ne saurai pas et l'homme se révélera être le prof de danse de la grande actrice, qui effectivement dansera comme un dieu. J'avais promis que je la ferai courte: ce qui était dingue c'était ce contraste entre ces trois femmes de plus de 60 ans qui ne pouvaient pas me faire penser à autre chose qu'à de vieux transs sur le déclin et la grande actrice, qui malgré les liftings à répétition avait la finesse de nous épargner la triple dose de fond de teint mais qui mieux que cela tenait une forme incroyable. La mine épanouie, la taille d'une jeune fille, les cheveux pile poil dans la revival fashion du moment (même si c'est pas fait exprès), avec une frange et un noeud à l'ancienne, et une jupe noire à pois, quand les 3 autres étaient engoncées dans leurs pantalons trop ajustés et étaient parées de bijoux des plus clinquants. Mieux encore: sa capacité à danser toute la soirée comme une jeune fille (j'ai appris grâce à elle toutes les danses cambodgiennes) contre l'inertie des autres, la véritable joie qui se lit sur son visage contre la profonde mélancolie que j'ai cru déceler chez les autres (et alors que wikipedia avance qu'elle serait née en 1944!). Car ce premier contraste se double évidemment d'un autre: celui de ces 4 femmes avec les innombrables jeunes filles aux jupes courtes qui occupaient la piste de danse et l'attention de tous. Impossible de ne pas préjuger des idées qui traversent l'esprit de ces anciennes gloires quand elles fixent pendant plusieurs morceaux d'affilée la piste de danse. Impossible aussi de ne pas être frappé par cette image si belle que j'enrage de n'avoir pu la filmer des 5 dansant alignés devant moi le madison, presque en ombre chinoise dans l'espèce de contre jour des spots, avec derrière tous ces couples assemblant un homme mûr souvent très bon danseur à la jeune femme désirable que mes voisines n'étaient plus, la grande actrice mise à part ce qui a commencé à me faire douter: et si cet enthousiasme revendiqué de celle qui a survécu et qui maintenant souhaite profiter de chaque instant, prétexte à notre venue et à sa fréquentation assidue de ce club, ne cachait pas quelque chose de plus pervers, comme une façon de gagner quand même et ce malgré sa jeunesse évidemment perdue, en convoquant ces vieilles amies puis triomphiant par leurs regards envieux attestant bien qu'elle n'est pas des leurs, qu'elle est seule dans une bulle d'intemporalité qui finalement n'existe que dans le regard tendu par ces supposées amies. Il y avait clairement quelque chose de l'ordre de la victoire à la voir ainsi tour à tour enchaîner les valses et tangos les plus pointus avec les danses plus contemporaines aux bras du seul homme de moins de 40 ans de la salle. Mais pour tout dire je pense avoir fictionnalisé à outrance et croit réellement à sa générosité sur ce coup, en tout cas je ne crois qu'il y ait de perversité consciente de sa part. Bon toujours est-il qu'elle veut désormais qu'on se voit souvent et a promis de m'emmener rencontrer le beau monde de la haute locale.

Bon ben voilà pour hier, je vais monter le foot et reviens pour un premier bilan de ce premier mois.

Apparemment c'était cool hier au truskel, philou fais-moi un retour mais j'ai déjà entendu dire que les débuts aux platines de JJ33 ont eu leur effet. (sab j'ai lu le 1er morceau avec les modifs par rapport à la première version et n'ai pas encore le temps d'attaquer la suite, no panique hein)
(oh oui j'ai oublié hier j'ai aussi compris que la valse c'était peut-être la danse la plus émouvante qui soit, et aussi que je faisais erreur au solfège en méprisant les rythmes ternaires)

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