vendredi 13 mars 2009

Rassurez-vous

tout va bien hein - j'ai reçu plusieurs messages qui s'enquéraient de ma détresse morale,

mais je maudis l'internet cambodgien, j'ai passé l'après-midi chez ma grand-mère de substitution afin d'utiliser internet, d'envoyer tous les mails importants que j'avais à envoyer ainsi que des photos à ma famille, de charger les nouvelles vidéo sur le site (j'en ai plein à mettre depuis le temps), et c'est tellement lent, mais tellement lent, qu'il a fallu m'y prendre à deux fois puis attendre deux heures pour charger une ridicule vidéo d'un minute dix... ça donne presque envie de pleurer (et je n'ai d'ordinaire pas l'épanchement lacrymal facile).

et pour gâter le tout je suis retombé dans mon travers de surfer pendant des heures, pour rien, ce qui me rend d'autant plus heureux de ne pas avoir internet chez moi (et par conséquent d'avoir repris - et ardemment - la lecture des démons) et ce qui a aussi une vertu sentimentale, car ça me rappelle mon année de maths sup où tous les soirs pour ne pas avoir à bosser je matais la télé, n'importe quoi, et que ma mère se levait carrément de son lit pour éteindre de force le poste, ce que je lui avais expressément demandé si elle venait à me trouver dans un tel état à une telle heure, mais ce qui ne m'empêchait pas de lui crier dessus quand elle le faisait, lui disant qu'elle n'avait pas le droit etc. Heureuse époque, un peu floue maintenant, comme tant d'autres. En tout cas ces heures perdues aujourd'hui ne le sont pas totalement: j'ai ainsi pu m'informer de la séparation de julien doré et de louise bourgoin ce qui n'a pas manqué de me rendre tristoune, les considérant comme notre équivalent national du couple pitt/jolie - le couple le plus cool de France quoi.

et voyant l'heure avancer, mon retard croître, j'ai décidé de coucher là, comme à la bonne époque, ce qui va me permettre S de t'écrire le mail promis, ce que dans le cas contraire tu ne m'aurais pas pardonné je crois (et tu aurais eu raison).

et miracle de l'édit rétroactif voici trois nouvelles vidéos , dites-moi celle que vous préférez.

et pour donner des news, en deux mots, on peut dire que le précédent message a joué un rôle moteur, oui, à vrai dire c'est un peu ridicule, mais c'est l'utilisation du regard de l'autre comme moteur de l'action, la peur de la honte, oui je l'avais bien dit que c'est ridicule. un exemple: je répète depuis un an que je pars faire des films au cambodge. bon ben au bout d'un moment je suis obligé d'y aller. ben là pareil, le fait de mettre un mot, solitude, évidemment disproportionné par rapport à ce que je vis ici, évidemment trop solennel, m'a fait me bouger le cul et réagir.

j'ai donc passé pas mal de coups de fil à des gens que je devais voir, proches de ma tante, la grande actrice, proprio, un khmer rencontré à une conférence ciné, le directeur de télé, je suis sorti tous les soirs et résultat j'ai rencontré moults gens. du milieu culturel surtout, cambodgiens ou expats, grâce à deux bars branchés art (et branchés tout court) où les proprio m'ont pris sous leur aile et me font rencontrer plein de gens. au début je trouvais ça sympa (et eux sont vraiment sympas) et puis au bout d'un moment ça m'a un peu dégoûté cette mondanité surjouée, ces gens qui me présentent comme un film maker alors qu'ils n'ont jamais vu mon travail, je vais encore donner l'impression de jamais être content mais le sentiment que j'ai eu c'est vraiment celui d'une auto-suffisance, un plaisir par trop onaniste de se sentir du côté de l'art, des gens de l'art, un autre entre-soi à peine moins dégoutant que celui du milieu des expats disons plus diplomatico-financiers. et dis-donc j'espère que y'a que les proches qui me lisent hein. donc voilà, je vais pas non plus trop cracher dans la soupe car j'y ai fait de chouettes rencontres, notamment ce cambodgien de 45 ans, ancien khmer rouge à 10 ans (!), parti ensuite faire ses études aux USA et qui a créé il y a plusieurs années au Cambodge un truc vraiment cool et très connu, le cambodian li-ving ar-t (tout attaché bien sûr), regardez sur google, en gros l'idée c'est de faire survivre la culture traditionnelle khmère en la mélangeant aux arts et à la culture de la nouvelle génération. le type en question est arrivé comme un paysan, si bien que mes amies serveuses ne voulaient pas croire que c'était avec lui que j'avais rdv tant il jurait avec le reste de la population. et le type est connu dans tout le cambodge. super content de me voir, notamment parce qu'il dit avoir trouvé l'inspiration, entre autre, devant les films de mon grand-père à l'époque, on a promis de se revoir à son retour d'amérique dans un mois.

non le truc plus marrant et après j'arrête car je dois écrire mon fameux mail, c'est que dans un des deux bars il y a donc deux serveuses avec qui je suis pote (l'une a joué dans expired) et avec qui on avait déjeuné dans mon quartier la veille. dans ce bar il n'y a pas beaucoup de monde si bien que je passe mon temps au bar à apprendre auprès d'elles des nouveaux mots cambodgiens (apparté: hier dans une des ONG le prof qui traduit habituellement n'était pas là, donc j'ai animé une séance pratique sur le montage intégralement en cambodgien, je vous laisse imaginer ma fierté), donc je disais que oui j'étais tout le temps au bar avec daet et konkir, et la proprio trop sympa et qui m'avait déjà présenté 10 personnes dans la soirée arrête pas de venir me voir pour me convaincre de les rejoindre à leur table, et moi je dis ok i come mais bien sûr je veux rester au bar, et les filles l'ont bien compris qui jouent le chantage affectif en me priant de rester si tel est mon souhait et de ne pas sacrifier à la bienséance sociale, alors même qu'il s'agit de leur employeur, je vous laisse là encore imaginer ma gêne (aujourd'hui je mise tout sur votre talent à l'imagination). fin de l'histoire: je suis resté au bar et maintenant je sais dire papier, eau, mourir, attendre, long, tous les jours, toutes les nuits, je t'aime.

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