mardi 31 mars 2009

Where would plants go if they could walk ?

Aujourd’hui moment très marrant, encore un, dans l’université concurrente de celle où j’ai un atelier. C’est Ana, que j’avais rencontré à la M. et qui m’avait estomaqué par son aptitude très inhabituelle pour une cambodgienne à parler à tout le monde, à faire des blagues et à rire fort, qui m’avait convié à ce que j’avais compris être des débats chaque dimanche à midi sur des thèmes à chaque fois différents, et que j’imaginais être d’actualité, économiques ou politiques. Tu parles. Je débarque dans un toast master club (je pense que vous pouvez trouver sur google moi j’ai pas internet), c’est à dire une sorte de club privé où les membres s’entraînent à devenir de bons orateurs en venant chaque semaine s’exprimer devant tout le monde. C’est très procédurier, même pré-minuté sur une feuille distribuée à chacun, il y a d’abord un grand américain, visiblement le président de séance, qui lance le meeting par une blague (le moment s’appelle sur la papier « joke telling » et doit durer 5 minutes), puis une fille cambodgienne prend le relai (tout le monde parle anglais), parle deux minutes et redonne la parole à l’américain qui va alors pendant 30 minutes poser des questions un peu absurdes, genre quelle est la fleur que vous détestez le plus, auriez-vous peur d’un ghost tree, et désigne à chaque fois dans la salle quelqu’un qui doit venir donner une réponse à la question devant tout le monde, en essayant d’être « out of the box ». Les types sont plus ou moins doués, plutôt moins, et peinent à faire de l’humour. On dira qu’ils restent bien dans la boîte mais à leur décharge l’exercice n’est pas facile et en plus ils semblent tous parler mieux anglais que moi.

Après cela trois filles vont se succéder et parler chacune 7 minutes sur un discours de leur composition sur un sujet donné, ici la peur, là the power of story telling. A chaque fin d’intervention un evaluator à chaque fois différent vient à son tour au centre donner son impression de la prestation précédente, en essayant d’être critique mais c’est quelque chose d’assez difficile pour les cambodgiens (pas tant l’esprit critique que de dire du mal de quelqu’un).

Ah oui j’oubliais il y a plein de votes : on vote à bulletin secret pour la personne ayant eu la meilleure réponse dans le premier exercice, puis pour le meilleur discours, puis pour le meilleur évaluateur. Ca plus le fait que chaque intervention soit récompensée d’applaudissements nourris, que chaque passage de parole se fasse par une poignée de mains virile, ou encore que chacun des trois discours baignait dans une certaine culture de la win (se battre pour gravir les échelons du jeu social, avoir un rêve mais travailler pour le réaliser, la famille qui transmet par le récit son expérience pour les générations à venir…) donnait un truc à l’idéologie très anglo-saxonne et a fortiori américaine dont la rencontre avec des cambodgiens habituellement à l’opposé de cette culture était tout à fait fascinante.

A la sortie et après que j’ai pris la parole car l’américain a demandé à tous les « guests » de faire un commentaire sur ce qu’ils ont vu, plusieurs jeunes viennent à ma rencontre me questionner puis m’invitent à manger avec eux dans un Mac Donald’s local. Je retiendrai surtout Thaoo (c’est fou comme les universités sont désertées par les jolies filles), un garçon de 18 ans étudiant l’anglais et les medias, qui m’a dit qu’il pensait que j’avais son âge (alors là je comprends vraiment pas pourquoi même au Cambodge on me dit que je fais jeune alors que j’avais toujours dit en France pour me défendre que c’était dû à mon génotype asiatique), et qu’il aimerait trop assister aux ateliers ou m’aider dans mes films, malheureusement c’est un peu tard pour les ateliers mais j’aimerais bien le revoir il a une tête marrante.

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