samedi 4 avril 2009

Les murs sont jaunes pâles maintenant

Hier quand ma tante m’a posé la question il était clair que ma réponse valait engagement et aurait peut-être des conséquences. Et, malgré le fait que je me l’étais déjà posée depuis quelques jours et qu’il était évident que oui, il fallait que je déménage à l’appartement du dessous, car 1 il est libre contrairement à ce qu’on m’avait dit à la signature, 2 il est beaucoup mieux que le mien car il résout tous ses problèmes (bruit, luminosité, plus grande imperméabilité aux insectes et fourmis) et 3 tous mes amis cambodgiens m’ont dit que 200 dollars c’était beaucoup trop pour le mien, malgré tout ça j’ai hésité à répondre, j’ai tourné autour du pot et essayé de gagner du temps avant de capituler.

Et en effet ma réponse a eu des conséquences car ce matin le proprio, l’amie de ma tante et un autre type se sont pointés pour m’aider à débarrasser toutes mes affaires à l’étage en dessous, le frigo le lit les tables tout, et après l’autre type a même passé la serpillère dans tout l’appart (oui rappelez-vous, la poussière). En moins d’une heure j’avais déménagé. Et pendant ces presque soixante minutes, le même sentiment à l’origine de mon hésitation de la veille, la même légère tristesse, la même légère peur ; c’est que je m’y étais habitué à cet appartement, sa salle de bain qui donnait sur le toit où des garçons venaient une fois par semaine piler des cannettes, le grand salon avec son carrelage orange, ma chambre aux demi-murs, les innombrables insectes qui s’invitaient chaque soir à venir regarder le même film que moi en se collant à l’écran de mon ordinateur. Avais-je vraiment raison de vouloir l’appart du deuxième, avec son plus petit salon et sa salle de bain fermée ? Evidemment dès que je me suis retrouvé seul à réfléchir à la nouvelle disposition des meubles toutes mes craintes se sont envolées au profit d’une euphorie pas tant liée aux avantages de cet appartement qu’au simple principe de nouveauté. Et ne l’ai-je pas goûté tant de fois, cet enchaînement d’humeurs, et ne l’avez-vous pas goûté tant de fois, cette angoisse toute bourgeoise de quitter un terrain connu, et la griserie immédiate de la nouveauté une fois celle-ci décidée ? Je ne parle évidemment pas que d’immobilier.

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