lundi 27 avril 2009

J’ai tué le deuxième ver

La semaine dernière rentrant chez moi de jour je sursaute au moment où je referme la porte car il me semble bien que quelque chose a bougé sur la cuisine entre la prise et la plaque électrique. Et effectivement se tient caché sous l’épais fil électrique de ma bouilloire un énorme cafard marron. Je demeure tétanisé un moment, une éternité il me semble, à hésiter sur la meilleure stratégie à adopter : chaussure, journal, balai… J’approche quelque chose en sa direction et l’ignoble bête se met à bouger à une vitesse diabolique pour se poser verticalement, immobile et bien en évidence, sur le carré blanc de ma prise électrique murale. L’insecte doit faire sept centimètres et la situation devient quelque peu absurde, surtout moi qui reste paralysé à deux mètres de la bête, mais plus je la regarde plus je comprends que je ne pourrai pas la tuer d’un coup de chaussure, que la taille du cafard fait que je ne supporterai pas de le sentir s’écraser sous la semelle, ni de le sentir si proche de ma main. Je prends donc le balai et entreprends de lui donner un coup fort et sec, mais là encore le flash forward de la chair broyée me fait renoncer et je décide de le chasser seulement, je rouvre la porte, approche le bout du balai de l’insecte, attends encore quelques secondes, à hésiter alors que maintenant tout est clair, je donne un petit coup qui le fait fuir et se cacher à côté de la poubelle puis d’autres plus brouillons et désespérés qui le font finalement quitter mon appartement en courant vélocement avec ces répugnantes petites pattes.

Le lendemain de mon retour de Battambang j’entre de nuit dans ma salle de bain et du coin de l’œil je pressens quelque chose d’étrange sur le coin de la baignoire, et tournant mon regard je découvre posé sur le bouche-baignoire à côté de mon shampoing un cafard en tout point similaire à celui que j’avais laborieusement chassé. Là encore je suis tétanisé, encore plus car je me dis que je ne pourrais rééditer la technique de la première fois et qu’il va bien falloir en finir avec celui là. N’écoutant que ma couardise j’empoigne le jet d’eau censé servir de chasse d’eau pour mes toilettes et asperge le cafard qui se cache d’abord derrière le shampoing puis tombe dans la baignoire et commence alors un interminable manège qui me voit tenter de l’étouffer avec l’eau ce qui n’est pas prêt d’arriver tant la force du jet ne peut que déplacer le cafard dès lors qu’il entre en contact avec lui et qui le voit lui débattre ses petites pattes quand il est sur le dos puis feinter l’immobilité quand il est du bon côté avant d’essayer de sortir de la baignoire ce que je lui interdis à chaque fois. Je me rends bien compte que ça pourrait durer des jours et pourtant je continue, espérant sans doute irrationnellement que ma technique ridicule finisse par marcher. Et le cafard de se retrouver balancé de tous les côtés de cette baignoire, tantôt dans le trou d’évacuation qui est bien trop petit pour le faire disparaître tantôt le long des parois montantes, et je finis par avoir l’idée de lui faire boire pattes retournées mon détergent à chiottes et le voilà qui se débat encore plus frénétiquement pour finir par ne plus bouger du tout, j’ai gagné mon combat mais même là il me faudra un instant de réflexion avant de prendre la pelle, de ramasser la bête et de tirer la chasse d’eau.

Et c’est encore sous le coup de l’effroi de cette deuxième rencontre que je repense à mon rêve et à ses deux gros vers de terre marrons, le deuxième caché sous l’eau de l’évier en plus, et je me dis mais qu’est-ce que ça veut dire ça existe donc les rêves prémonitoires à moins que ça ne soit une épreuve et alors quel en était le but non ne me dis pas qu’il ne fallait surtout pas en tuer l’un sans l’autre, séparés à jamais qu’ai-je fait, et si en fait c’était l’heure de la libération ?

8 commentaires:

  1. Mouahahah, tu es aussi gay que Droso (avec votre peur irrationnelle des petits insectes).

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  2. Mais tu es fou, le deuxième cafard c'etait moi.

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  3. Surtout ne pas écraser le cafard car une rupture de la carapace entraine l'ouverture de l'oethèque, libérant des dizaines d'oeufs qui devraient donner lieu à des naissances exponentielles (à moins que tu ne désinfectes l'ensemble à l'eau de javel dans la minute). Si tu habites au dessus du 4ème, une technique courante consiste à saisir le cafard entre l'index et le pouce et le lâcher par la fenêtre (c'est un peu le Catch® du pauvre). Sinon, ta technique du détergent me semble pas mal.

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  4. Un jour, comme nous a Siem Reap, tu commanderas du the a un restaurant, et tu te retrouveras avec un cafard noye dedans. Ce sera la vengeance de celui que tu as noye dans le detergent.

    Je l'aurais ecrase moi, comme un con (merci Koustonbrut).

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  5. il m'arrive à peu près la même chose avec un faucheux, right now, angoisse et tachychardie, je bataille, là, je vous raconterai l'issue (si je ne suis pas revenu dans quelques heures, appellez... enfin inquiétez-vous)

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  6. ah ah.
    ce qui est moins ah ah, en tout cas pour moi, c'est que je decouvre chaque jour des mini repliques du cafard geant dans mon appart, et je suis en train de me demander s'il n'a pas profite du confort de mon appart pour pondre (elle en l'occurence). l'angoisse totale.

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  7. ah et quand ca commence, c'est dur de s'arreter

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  8. pis, aujourd'hui dans une école il y avait plusieurs cafards qui se baladaient par terre et tout le monde semblait s'en accommoder, je fais comme si de rien n'était quand soudain une élève me crie attention et enlève d'un taquet le cafard qui était monté jusqu'à mon t-shirt et arrivait malicieusement à mon cou.

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