mercredi 8 avril 2009

Maria Timophéïevna

Il y a à peu près un mois me promenant dans le grand centre commercial à côté de chez moi pour passer le temps une fille vient me parler, habillée en haillons je ne me fais aucun doute sur sa condition de mendiante, je ne comprends pas trop ce qu’elle me dit, elle sort un cadre avec la photo d’une dame qu’elle insiste pour me donner, évidemment je refuse en sachant bien qu’elle me demandera ensuite de l’argent, puis même cirque avec une sorte de journal plié, je refuse encore et commence à être gêné, moi qui voulais juste m’asseoir comme tout le monde au dernier étage de l’immeuble regarder les jeunes enfermés dans une grande cage qui font du roller sur de la musique techno. Mais son manège devient quelque peu étrange, elle se poste un peu loin de moi et me tend le cadre photo comme pour me dire regarde la fille de la photo te regarde et te dit quelque chose. Je finis par partir et descends à l’étage en dessous à la salle de jeu vidéo. Je regarde quel est le niveau à Tekken ou à Street Fighter ici quand quelqu’un me touche le bras, je me retourne et me rends compte que la fille m’a suivi et essaie de me parler. Ce qui est marrant c’est qu’elle est un peu timide et qu’à chaque fois que je lui parle elle baisse la tête en pouffant. Elle est tout petite et physiquement assez affreuse, mais je ne suis plus trop effrayé tant il est clair qu’elle ne me veut aucun mal et qu’elle est juste un peu étrange. Nous restons donc côté à côté assez longtemps, elle attirant de temps à autre mon attention en me montrant des gens du doigt ou en ressortant sa photo, et c’est surtout les clients et les hôtesses qui commencent à se demander que font cette folle j’imagine connue de tous et ce japonais ensemble (tout le monde pense à première vue au Japon ou à la Corée, je ne me demande plus pourquoi). Je finis par m’éclipser à l’étage encore en dessous pour manger une soupe au porc, me retourne plusieurs fois pour être sûr mais c’est bon cette fois je l’ai semée.

Quelques semaines plus tard attendant dans une rue d’un autre quartier un cambodgien à qui on a donné mon numéro car il veut tenter un master à l’essec je recroise cette fille, toujours en haillons. J’essaie de discuter avec elle mais celle-ci pouffe toujours de timidité et je ne comprends pas bien ce qu’elle me raconte. Le dit cambodgien finit par arriver et je dis au revoir à la fille. Là encore les gens autour (principalement des jeunes de l’école des street kids car on était juste devant) nous regardent bizarrement, signe qu’ils la connaissent aussi très bien.

Il y a quelques jours prenant un verre avec Thomas, Amandine et Stéphanie venus faire un tour au Cambodge avant de retourner au Vietnam où ils travaillent je la retrouve encore, cette fois-ci de nuit et dans la rue des bars à expats. Je me lève et vais lui parler, elle est moins timide mais je ne comprends toujours pas ce qu’elle me dit car elle baisse la tête quand elle me parle. Très vite on est entouré de tous les enfants qui dans cette rue vendent des livres en pleurant aux touristes venus manger des happy pizzas (pizzas au cannabis, j’en avais goûté la veille avec Thomas car on m’en a beaucoup parlé mais pas d’effet je n’ai pas dû en manger assez, sans doute la jurisprudence marie), les filles sont les plus téméraires qui engagent la discussion avec moi et on parle, l’étrange fille, les enfants et moi une dizaine de minutes dans la rue, du reste je suis content de connaître les enfants ça me donnera un motif de satisfaction quand je devrai me rendre dans cette rue dont je ne suis pas ultra fan. C’est l’anniversaire de la fille le lendemain (je n’arrive pas à comprendre son prénom), elle aura 19 ans, pour l’occasion elle m’offre une carte dépliante happy birthday que cette fois-ci j’accepte, sans lui donner d’argent, j’espère qu’elle n’en attendait pas mais je crois que non, elle doit être considérée comme la folle de Phnom Penh car là aussi tous les enfants semblent la connaître, se moquent d’elle en l’affublant d’un surnom que je n’ai pas compris quand je lui ai demandé son prénom, et j’en ai même vu certains s’amuser à la frapper.

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